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Compte-rendu : Cure de jouvence - Les Solistes Européens Luxembourg à Echternach

Constitué il y a plus de vingt ans par des musiciens des plus grands orchestres d’Europe de l’Ouest et de l’Est (le rideau de fer existait encore), l’aventure des Solistes Européens Luxembourg, se poursuit désormais chaque mois dans le cadre des concerts donnés à la Philharmonie du Grand Duché. La participation des Solistes Européens au Festival International d’Echternach a permis de se rendre compte du niveau atteint par cet ensemble, désormais dirigé par le jeune chef allemand Christoph König (par ailleurs chef titulaire de l’Orchestre National de Porto depuis 2008).

Dans un programme traditionnel (Ouverture de Coriolan, Symphonie « Pastorale » de Beethoven et Concerto pour violon de Tchaïkovski) proposé dans la basilique romane d’Echternach, malgré des conditions acoustiques précaires inhérentes à ce genre de lieu, les musiciens ont constamment manifesté un sentiment de complicité – celui qui les unit à leur chef avec le plaisir évident de faire de la musique ensemble hors de toute considération institutionnelle. Dès l’Ouverture de Coriolan, le dynamisme de la lecture témoigne d’un engagement, d’une urgence et d’un souffle communicatifs servis par la gestique très claire et très parlante de leur directeur musical. La même vision gorgée de rythmes et de couleurs de la « Pastorale » apporte un sang neuf, roboratif et décapant. Le lyrisme et le culte de la beauté pure se révèlent plus proches d’une narration fluide et souple que d’une démarche panthéiste dans le moule plus pesant de la tradition germanique. Les cordes très homogènes forment un tapis sonore dans lequel se fondent cuivres et bois (superbe hautbois dans La Ronde des paysans !).

Un même élan habite l’exécution très maîtrisée du Concerto pour violon de Tchaïkovski par la soliste invitée Nicola Benedetti (23 ans) qui remplace au pied levé Daniel Hope. L’énergie très communicative de cette artiste, la qualité d’une sonorité ample et fruitée (sur le Stradivarius Earl Spencer de 1712), sa sûreté d’archet, sa virtuosité et sa spontanéité trouveront avec le temps encore plus de sobriété (en particulier dans la Canzonetta qui, avec une sourdine, gagnerait en mystère).

Au sortir de ce concert, le sentiment prévaut d’un pur moment de bonheur comme si ces œuvres rebattues avaient bénéficié d’une cure de jouvence par la grâce des interprètes et leur implication de tous les instants.

Michel le Naour

Echternach, Basilique, 11 juin 2010

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Photo : DR
 

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