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Compte-rendu - Embrasement poétique - Boris Berezovsky joue Liszt
Un récital de Boris Berezovsky remplace le concert annulé de l’Orchestre National de Hongrie. Pas d’orchestre ? En apparence seulement : sous les doigts du Russe le piano en est un à lui tout seul et tel est bien ce que réclament les Etudes d’exécution transcendante de Liszt, recueil que Charles Rosen a justement désigné comme l’un des lieux d’« invention du son de piano romantique». Mazeppa, Feux Follets, Chasse sauvage, Harmonies du soir : certaines pièces comptent parmi les « tubes » de la littérature romantique, mais il n’est pas souvent donné d’entendre les douze Etudes en concert.
Le défi technique n’est pas pour perturber un virtuose de la trempe de Berezovsky. Il s’empare du Preludio initial avec une aisance et une souplesse étonnantes. Un cycle débute et va se déployer jusqu’à l’ultime Chasse-Neige avec un équilibre parfait entre les moments de tension et de détente qui atteste une compréhension intime de l’ouvrage – dans ces conditions, les applaudissements en cours de route paraissent particulièrement déplacés...
En dépit de l’acoustique d’une salle guère appropriée au piano solo, on savoure l’imagination sonore avec laquelle Berezovsky sonde chacune des pièces ; souligne l’extraordinaire pré-impressionnisme de Paysage, des Feux Follets et de la Ricordanza (on songe par instant à l’inoubliable version des Etudes par Sergio Fiorentino), le mystère de Vision, la passion fiévreuse de Mazeppa, Eroica ou Wilde Jagd, sans rien de tapageur tant son geste va droit à l’essentiel.
Un cycle, vraiment, pris dans un formidable embrasement poétique, jamais forcé, toujours vécu, et dont les Harmonies du soir, emportées avec un souffle ardent, offrent l’un des plus beaux exemples.
Cinq bis chopiniens : deux valses, une mazurka – toutes trois au pouls un peu trop rapide, mais après un tel Liszt nul ne saurait en vouloir à l’interprète - et, enfin, deux splendides Etudes op 10 n°1 et 3.
Alain Cochard
Paris, salle Pleyel, 30 novembre 2009
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Photo : DR
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