Après six années passées à la direction de l’Opéra national du Rhin Nicholas Snowman tire sa révérence sur un immense éclat de rire. La reprise de la savoureuse mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti (vue en 2005 in loco) transpose l’action de Falstaff dans le Windsor des années cinquante et, grâce à des changements à vue très réussis, nous la fait vivre à un rythme survolté.

Le Falstaff d’Alan Opie a pris de la bouteille - dans le meilleur sens de l’expression. Le personnage n’a rien de vulgaire mais, a contrario, se révèle tout entier mu par le désir et se précipite avec gourmandise dans le piège tendu par les commères. Enfin un Falstaff qui chante et de surcroît avec finesse et élégance ! Tommi Hakkala incarne un Ford rongé par la jalousie (splendide scène avec Falstaff !) tout contrit devant la chute finale. Prise de rôle réussie pour Paolo Fanale, qui, non seulement possède le physique adéquat pour Fenton, mais pare aussi son chant d’un timbre suave et d’une ligne parfaite. Eloges mérités par ailleurs pour le Dr Cajus hâbleur de François Piolino et le duo de « fins renards » que forment Rodolphe Briant (Bardolfo) et Philippe Kahn (Pistola).

Les commères sont menées par l’Alice Ford parfaitement maîtresse du jeu de Nuccia Focile qui, d’une voix splendide conduite avec une inégalable science du chant, signe une interprétation sans faille. La Mrs Quickly de Sylvie Brunet balaie - si je puis m’exprimer ainsi – la scène de « Reverenza » avec des graves puissants, jamais poitrinés, et son incarnation, sans outrance, est digne des plus grandes (Barbieri et Simionato en tête). Mélanie Boisvert offre pour sa part l’une des meilleures Nannetta actuelle. Sa scène dans la forêt de Windsor est chantée sur le souffle avec un timbre lumineux. A saluer enfin la Mrs Meg Page finement ciselée d’Angélique Noldus.

Giuliano Carella dirige avec finesse l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg : la musique de Verdi pétille, pareille à du champagne !

Bernard Niedda

Verdi : Falstaff - Strasbourg, Opéra national du Rhin, 20 juin, puis les 22, 24, 26 et 28 juin. A Mulhouse les 5 et 5 juillet 2009

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Photo : Photo Alain Kaiser