Pour sa 21ème édition, le Festival de Colmar, placé sous la direction artistique de Vladimir Spivakov, célébrait le pianiste Sviatoslav Richter. Pour ce faire, ont été convoqués des solistes internationaux (entres autres Grigory Sokolov et John Lill pour une intégrale des concertos pour piano de Beethoven) ainsi que des orchestres prestigieux (dont l’Orchestre Symphonique de la Radio de Berlin et Marek Janowski). Point d’orgue de la manifestation, la présence de Denis Matsuev (photo) aux côtés l’Orchestre National Philharmonique de Russie (la phalange de Spivakov depuis 2003) qui, dans l’Eglise Saint-Matthieu, n’a pas craint de s’attaquer successivement au 3ème Concerto de Prokofiev puis à celui de Rachmaninov avec une assurance qui laisse pantois.

On peut souhaiter un jeu plus subtil, ne se contentant pas d’opposer piano et forte ; mais Matsuev a les moyens de sa politique et manifeste un engagement à soulever les pierres. Assez envahissant dans Prokofiev, Spivakov (peu favorisé par l’acoustique du lieu), couvre souvent un soliste aux moyens pourtant athlétiques. En revanche, il manifeste davantage d’élan dans le Concerto de Rachmaninov qui respire avec plus de liberté. Il n’est pourtant pas interdit de rêver et d’imaginer ce que Richter aurait pu faire du Concerto n°3 de Prokofiev…

La veille, dans la Chapelle Saint-Pierre, Matsuev s’est montré capable de rentrer ses griffes, voire de donner de la Sonate en la mineur D. 784 de Schubert une interprétation puissamment construite, ce qui ne dépare pas dans cette œuvre au caractère beethovénien. Comparse de Spivakov et de solistes de l’Orchestre National de Russie dans le Quintette « La Truite », il a fait preuve de qualités de chambriste qu’on ne lui connaissait pas, même si l’on pouvait rêver approche plus ludique de la partition de Schubert.

Michel Le Naour

Festival International de Colmar, 13 et 14 juillet 2009

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Photo : DR