C’est la nouvelle coqueluche musicale et médiatique internationale : le chef vénézuélien Gustavo Dudamel (né en 1981) s’est d’abord fait connaître de ses pairs par son action exemplaire à la tête de l’Orchestre de Jeunes Simon Bolivar dans son pays natal. Le voilà propulsé d’un coup aux commandes d’une institution internationale majeure, le Philharmonique de Los Angeles, où il succède au Finlandais Esa-Pekka Salonen, et déjà en tournée.

Lors de la première soirée salle Pleyel, il a dirigé deux pièces du XXe siècle, Slonimski’s Earbox de John Adams (1995) et la 1ère Symphonie « Jeremiah » de Bernstein (1942). C’est parfait : se coulant habilement dans la voie moderniste ouverte par son prédécesseur, il rend parfaitement justice à ces deux œuvres. La première est écrite pour plaire aux musiciens (solo d’alto) comme au grand public qui ne risque jamais d’être dépaysé par ces sonorités tantôt archaïsantes, tantôt répétitives : c’est vieux et ennuyeux, mais parfaitement fabriqué. Tout à l’inverse de la symphonie de jeunesse de Leonard Bernstein, à la fois poète et âme torturée, mais qui avait, lui, quelque chose à dire que la mezzo américaine Kelley O’Connor restitue magnifiquement.

Le grand répertoire traditionnel va-t-il reprendre ses droits en seconde partie avec la 7e Symphonie de Beethoven ? On s’attendait à tout sauf à un tel massacre, au demeurant plébiscité par une salle aux longues oreilles, mais à l’ouïe courte. Il y a cinquante ans qu’on ne surligne plus ainsi Beethoven : la musicologie de la vieille Europe a heureusement fait des progrès ! Dudamel a une technique et une gestique irréprochables. Il lui reste à se cultiver pour nourrir ses interprétations. Surtout face aux musiciens d’élite de Los Angeles : lorsque Dudamel est né, leur directeur musical s’appelait Giulini. C’était peut-être moins glamour, mais plus musical.

Jacques Doucelin

Paris, salle Pleyel, 30 janvier 2011

> Programme détaillé et réservations de la Salle Pleyel

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Jacques Doucelin

Photo : DR