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Compte-rendu - Jesus Lopez-Cobos dirige l’EOP - Diagnostic avant la cure
Il faut parfois descendre assez bas pour avoir la possibilité de donner le coup de pied salvateur qui vous fait remonter. L'Ensemble Orchestral de Paris est ainsi parvenu à la croisée des chemins. Il vient, en effet, de voir son équipe dirigeante entièrement renouvelée avec la nomination de Jean-Marc Bador au poste de Directeur général. En présentant la prochaine saison de cette formation de chambre, il a annoncé la nomination comme premier chef invité, en remplacement de John Nelson, du chef et violoniste américain Joseph Swensen. On constate, en outre, dans la programmation à venir une très forte dose de Josef Haydn, et pas seulement en raison de l'anniversaire de l'ami de Mozart, mais des vertus hautement pédagogiques de sa musique.
Avec la présence de l'excellente Deborah Nemtanu au poste de violon solo super soliste, les cordes devraient donc atteindre, grâce à ce nouveau travail, au réel niveau d'excellence qui est devenu aujourd'hui indispensable à ce type de formations jouant sur instruments modernes. Car si elles souffrent toujours de la concurrence des orchestres baroques, ça n'est plus aujourd'hui une question de mode, mais de vraie qualité de jeu. Si j'ose dire, chacun joue désormais à armes égales. Il le devrait, en tout cas.
Or, ce qu'on a entendu lors du dernier concert de l'Ensemble Orchestral de Paris donne la mesure du chemin qui lui reste encore à parcourir. L'incapacité à sortir d'un prudent mezzo forte, les traits savonnés, des cors modernes jouant aussi faux que les célèbres et catastrophiques cors naturels de nos chers « baroqueux », tout cela impose des remèdes drastiques. Car le manque d'homogénéité, qui devrait être la qualité première d'un orchestre de chambre, a pour contrepartie heureuse la présence au sein de l'ensemble d'excellents solistes, y compris dans l'harmonie. Une bonne cure de Josef Haydn devrait constituer, certes, un bon remède, mais pas le seul.
La dernière soirée de l'Ensemble Orchestral de Paris était pourtant dirigée par un vrai grand maître : Jesùs Lopez-Cobos. Il a réussi malgré tout à mettre en lumière l'influence du grand style français dans les extraits du ballet Don Juan de Gluck, et ce bien avant son séjour à Paris. Il a eu du mal à contenir la balourdise des tutti dans l'accompagnement du 19e Concerto de Mozart au jeune Israélien Iddo Bar-Shaï. Dans le premier mouvement, celui-ci a eu tendance à se refermer sur lui-même. Mais son jeu volubile et très stylé a pris le dessus dans les deux derniers, ce qui lui a permis de dépasser l'aspect « galant » où il avait tendance à enfermer le malheureux Wolfgang. On a moins apprécié le Chopin sirupeux et fade qu'il a choisi en bis.
Bon sang ne saurait mentir et la jubilante Sinfonietta de Francis Poulenc a redonné force et courage aux musiciens qui ont soudain retrouvé leurs vieux réflexes sous la baguette pleine d'esprit du chef espagnol. Un signe de vitalité qui ne saurait tromper et laisse bien augurer de l'avenir.
Jacques Doucelin
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 7 avril 2009
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Photo : DR
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