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Compte-rendu : John Adams dans tous ses états - « Domaine privé » John Adams


La présence du compositeur américain John Adams dans le cadre du « Domaine privé » qui lui est consacré Salle Pleyel et à la Cité de la Musique a valeur d’événement. En effet, la venue de l’un des tenants de la musique répétitive et tonale témoigne de l’ouverture d’esprit des organisateurs de cette manifestation qui s’est déroulée entre projections, rencontre animée par Franck Mallet et concerts (dont quatre créations françaises). En ouverture, Salle Pleyel, programme de luxe avec la participation du London Symphony Orchestra dirigé par Adams en personne. Outre un hommage à Debussy (deux préludes transcrits par Collins Matthews), le chef donne des Valses nobles et sentimentales de Ravel une interprétation très claire et précise et montre la même efficacité dans le Concerto pour piano et vents de Stravinski avec en soliste Jeremy Denk, d’une sûreté à toute épreuve.

En seconde partie, le poème symphonique City Noir d’Adams (une œuvre créée en 2009 par le Los Angeles Philharmonic sous la direction de Gustavo Dudamel) possède des relents hitchcockiens. Musique ample en deux mouvements, volontiers accrocheuse, témoignant pourtant d’une brillante et savante écriture qui aurait pu être davantage condensée.

Le St. Lawrence String Quartet fait montre d’une énergie appuyée dans l’Opus 54 n°2 de Haydn et le Quatuor de Ravel auxquels manquent la subtilité et la finesse de ton. En revanche, cette urgence convient parfaitement au String Quartet d’Adams (2008), d’une complexité formelle dans la descendance de Beethoven ou de Bartók et d’une grande intensité. L’élan, le sens de la pulsation, la capacité à dénouer les fils d’une rythmique très accusée, rendent cette exécution d’une évidence suggestive.

Hommage à La Flûte enchantée, l’opéra A Flowering Tree (créé à Vienne en 2006 pour le 250e anniversaire de la naissance de Mozart), s’inspire d’un conte indien d’une séduction immédiate. La magie opère sous la conduite énergique de la jeune chef portugaise Joana Carneiro, menant avec une sûreté jamais prise en défaut une brochette de chanteurs (Jessica Rivera, Noah Stewart, Jonathan Lemalu) tous plus concernés les uns que les autres, accompagnés par les excellents Chœurs de la Fondation Gulbenkian de Lisbonne. Le public, debout, montre tout l’intérêt porté à cette partition imaginative qui touche spontanément la sensibilité par son sens poétique et sa force dramatique.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel et Cité de la Musique – 16, 20 et 23 mars 2010

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Photo : DR

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