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Compte-rendu : La force tranquille - Elisabeth Leonskaja en récital l’Amphithéâtre Bastille
L’hommage rendu par Elisabeth Leonskaja à Robert Schumann, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance, alterne judicieusement des pièces du compositeur allemand (Papillons et Variations Abegg) avec deux sonates de Franz Schubert (la mineur D. 845 et ré majeur D. 850). L’Histoire de la musique doit, comme on le sait, beaucoup à Robert dont le prosélytisme à l’égard de Franz nous a valu des articles élogieux sur sa musique pour piano, « exubérante, bouillonnante, énigmatique et burlesque ».
Elisabeth Leonskaja s’empare des Papillons avec une autorité et un sérieux qui n’oublient jamais de dégager l’aspect dansant de ce collier de valses au ton si poétique. Cette même approche où la grandeur le dispute à l’énergie vaut à la Sonate en la mineur D. 845 un traitement expressif d’une hauteur de vue sans raideur mais d’une force presque beethovénienne (Allegro vivace final).
Après l’entracte, les Variations Abegg (l’Opus 1 de Schumann) dépassent, par une interprétation tendue, le caractère décoratif pour préparer aux climats de la Sonate en ré majeur D. 850 où la densité du geste (Allegro vivace initial), presque trop orchestral pour Schubert, est tempérée par un sentiment de rêve éveillé (Con moto) et un sens de la construction d’une logique imparable. Entre ombre et lumière, le concert s’achève par Chopin, un nocturne apaisé qui clôt un grand moment de musique délivré avec classe par une grande dame du piano.
Michel Le Naour
Paris, Amphithéâtre Bastille, 19 juin 2010
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Photo : DR
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