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Compte-rendu : La Mélodie du bonheur - Noël pour enfants sages au Châtelet
Cette Mélodie du bonheur (The Sound of Music) de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II, à l’affiche du Théâtre du Châtelet jusqu’au 3 janvier prochain, constitue le spectacle de fin d’année idéal, en particulier pour les chères têtes blondes qui se retrouvent sur la scène dans la turbulence et les cabrioles des enfants du Capitaine von Trapp (7 comme les nains du conte de Grimm !). Le destin mondial du film hollywoodien qu’en a tiré Robert Wise a quelque peu éclipsé chez nous la comédie musicale originale de 1959 au point que ce spectacle est une première à Paris depuis un demi-siècle. Il est à la fois de bon goût, délicieusement daté, conjuguant sentiment de la nature et élégance des décors.
L’écrin est parfaitement adapté à cette enfilade d’airs, dûment applaudis chaque fois par la salle et qui n’hésitent pas à flirter avec le folklore tyrolien comme leur équivalent français de l’époque signé Francis Lopez pour Luis Mariano. Ce n’est pas faire preuve d’un anticléricalisme très virulent que de trouver aux nonnes des hauteurs de Salzbourg un air de naphtaline un peu vieillot et caricatural qui fleure ses Mousquetaires au couvent de jadis. Mais enfin cela fait partie du jeu, et visiblement le public aime. Ce qui reste l’essentiel. Et puis, à l’heure du foie gras et des chocolats, on ne va tout de même pas se prendre la tête au théâtre ! L’Orchestre Pasdeloup se donne à fond aux sollicitations du chef new yorkais Kevin Farrell.
La troupe anglophone joue à ravir, esquisse un pas de danse sans avoir l’air d’y penser pour notre plus grand plaisir. Les voix sont dans l’ensemble agréables et bien timbrées, même si le recours au micro les dénature parfois. Mais telle est la règle du jeu dans la comédie musicale made in Broadway. A l’inverse de la version filmée qui a gommé tout cela, la situation va se tendre in extremis (nous sommes en 1938 avec l’annexion de l’Autriche par Adolf Hitler) lorsque la soldatesque nazie fait irruption dans la maison du capitaine, au pas cadencé, bras tendu en salut hitlérien, bien décidée à s’annexer les services de cet Autrichien récalcitrant.
La soirée s’achève ainsi sur des moments plus tendus. A signaler de ce point de vue pour les plus âgés des spectateurs, que des soldats brassard à croix gammée au bras envahissent les allées de la salle au pas de l’oie, augmentant encore la tension dramatique au risque de réveiller en eux des souvenirs pénibles. Mais tel n’est sans doute pas le dessein du metteur en scène espagnol Emilio Sagi.
Jacques Doucelin
R. Rodgers et Oscar Hammerstein II : La Mélodie du bonheur (The Sound of Music) – Paris, Théâtre du Châtelet, le 9 décembre, 2009, puis jusqu’au 3 janvier 2010
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Photo : DR
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