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Compte-rendu : La vraie foi - Kurt Masur dirige Paulus au TCE
Paulus est à Mendelssohn ce que fut la Saint Jean pour Bach : une narration éloquente et démonstrative (le martyre d’Etienne, deux miracles, la profession de foi de Paul, l’esquisse de son martyre), dont l’influx dramatique parcourt sans relâche, même dans les commentaires, les deux heures et quart d’une musique qu’on ne voit pas passer tant l’efficacité de son écriture le dispute à l’inspiration de son art.
D’où vient alors que Paulus soit si peu souvent donné contrairement à Elias ? Probablement pour les mêmes raisons qui font que l’on entend toujours plus la Passion selon Saint Matthieu, modèle de ce dernier (modèle d’ailleurs aussi et préalablement de Paulus), que la Passion selon Saint Jean. Mais là s’arrête la filiation, imaginaire pour Paulus, car Mendelssohn ne connaissait pas la Saint Jean. Et pourtant…
Kurt Masur, fiévreux et éloquent, se faisait visiblement une joie de diriger cette partition qu’il vénère, et il est peu de dire qu’il y a réussi mieux dans nos souvenirs qu’aucun autre (Rilling, Corboz, Herreweghe, Bernius même), opérant avec fièvre et hauteur la fusion du verbe prophétique de l’admirable livret de Julius Schubring, catéchèse ardente, et de l’imaginaire romantico-baroque du compositeur.
Admirable Saul, torturé et véhément de Matthias Goerne, jouant le souverain autant qu’il le chante, et qui met à son Paul une radieuse noirceur, où le verbe s’anime singulièrement. Ah ! lui du moins est de la race des Rois et des Prophètes alors qu’à ses côtés Rainer Trost fait un évangéliste mordant, contrepoint dramatique plus d’une fois clouant. Magnifique Christiane Stotjin, pour le peu que Mendelssohn lui donne à faire, et, du moins pour la première partie, une Ruth Ziesak en voix péniblement stridente, hésitant entre la blancheur d’un soprano de garçon et soudain un timbre de soubrette. La crise vocale qui l’a affaiblie n’est pas encore apaisée. Hors il faut au soprano, élément essentiel de Paulus (elle chante une quasi-moitié des airs, et parmi les plus beaux), certes de la lumière, mais aussi de l’ampleur de l’aplomb et la compassion.
Mais le National, transporté par son chef adoré (Daniele Gatti nous pardonnera) et le Chœur comme la Maîtrise de Radio France, admirables de présence et d’engagement, conscients de l’importance de l’œuvre – et de ce concert - irradiaient, vrais prophètes pour révéler au public parisien Paulus dans tout son rayonnement.
Jean-Charles Hoffelé
Felix Mendelssohn : Paulus - Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 5 décembre 2009
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Photo : DR
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