Fille d’écrivain, la pianiste Anne Queffélec entretient depuis sa plus tendre enfance une relation privilégiée non seulement avec la musique mais aussi avec la littérature. Dans le monumental scriptorium de la féérique Abbaye cistercienne des Vaux de Cernay autour de la thématique féminine qui est cette année celle, si imaginative, du Festival d’Île-de-France, elle a conçu, avec la complicité de la comédienne Anne Alvaro, un spectacle inédit où en filigrane, à travers les quatre saisons, passent de manière métaphorique les états d’âme schumanniens de « L’amour et la vie d’une femme ».

De sa voix chaude et sensuelle, Anne Alvaro lit avec une présence sensible des textes et des poèmes (de Christine de Pisan, Louise Labé, George Sand, Marguerite de Navarre, Anna de Noailles, Louise de Vilmorin, Emily Dickinson…), tandis qu’Anne Queffélec, du clavier, se fait l’interprète poétique et convaincante de pages de Mozart (Variations sur un menuet de Duport), Chopin (Nocturnes, Barcarolle, Berceuse, 4ème Ballade), Debussy (Reflets dans l’eau), Bach, Haendel (le Menuet en sol mineur transcrit par Kempff). Joie, ferveur, passion, troubles de l’âme, émotion, mélancolie, passent tour à tour dans cette alternance où le temps semble parfois s’arrêter, à l’image de ces deux Etudes symphoniques de Schumann si aériennes données en offrande au public enthousiaste.

Michel Le Naour

Festival d’Île-de-France – Abbaye des Vaux de Cernay, 13 septembre 2009

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Photo : DR