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Compte-rendu - Le grand savoir-faire de Jiri Belohlávek
Le chef tchèque Jiri Belohlávek – qui depuis 2006 préside aux destinées du BBC Symphony Orchestra – s’inscrit dans une tradition héritée de prédécesseurs illustres (Talich, Ancerl, Kubelik, Neumann…) et cela s’entend même s’il n’est pas question de le comparer à eux. Dans les Quatre Interludes marins extraits de Peter Grimes de Britten il parvient, avec des musiciens rompus à cette musique, à créer une atmosphère subtile, délicate, légèrement en retrait mais d’une belle homogénéité de ton. Invitée de l’Orchestre de la BBC, la soprano finlandaise Karita Mattila a toujours la même énergie à revendre et une vitalité enthousiasmante qui a sans doute contribué à la présence d’un public nombreux au TCE.
En tenue vestimentaire de star hollywoodienne, dès son apparition en scène, elle « crève l’écran ». Doit-on se plaindre que la mariée soit trop belle ? La voix, ferme et puissante, a du mal à se lover dans l’écrin résigné des Quatre derniers Lieder de Richard Strauss. La qualité du chant (peut-être moins parfaite que jadis), expressive mais trop contrastée, perd en simplicité pour s’inscrire davantage dans la dimension opératique.
En revanche Belohlávek, raffiné, toujours attentif au flux et au reflux de cette musique, est un accompagnateur de rêve. Avec la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorák, le chef est sur ses terres mais surprend quand même par sa lecture très pure, claire et fluide, mais non dénuée de verdeur, loin des lourdeurs des machines germaniques que le célèbre final supporte parfois. A juste titre, dans les notes de programme, Dominique Druhen précise que le titre de l’œuvre peut être sujet à confusion. Plus qu’un hymne à l’Amérique, il s’agit plutôt d’une bouteille à la mer envoyée des Etats-Unis à ses compatriotes de Bohème et de Moravie. Cette nostalgie se retrouve dans le bis (la 2e Danse slave op 72 du même compositeur), berceuse mélodieuse à la fois mélancolique et riche de ses rythmes de dumka où l’orchestre montre une grande cohérence d’ensemble sans pour autant posséder la personnalité d’autres phalanges d’outre-Manche.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 21 avril 2009
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Photo : DR
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