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Compte-rendu : L’Italienne à Alger au Palais Garnier - Vivica in Algeri
Comme il y a six ans exactement, le coup d'envoi de la saison de l'Opéra National au Palais Garnier a eu lieu avec L'Italiana in Algeri de Rossini, revisitée par Andrei Serban. Cette production décriée à sa création en 1998, ne parvient toujours pas à concilier la caricature, la débauche d'effets visuels trahissant le recours à de grossières ficelles et la provocation, l'audace de la relecture s'essoufflant rapidement.
Eunuques adipeux, esclaves aux corps dénudés, tout dans ce harem bling bling sent le mauvais goût (kitchissimes décors !) et l'argent facile dilapidé par un maître lassé, magnat du pétrole, qui rêve d'amour à l'italienne coincé qu’il est dans son émirat d'opérette. Si le premier acte se déroule toujours sans heurt, l'arrivée de la brune et volcanique Isabella rescapée du Titanic étant plutôt bien menée, le second néglige à force de gags appuyés sur la présence italienne (mafiosi, gondole, robe-pizza, bouteille de chianti géante et joggeuses aux couleurs du pays...) une vraie direction d'acteurs au profit d'une occupation étouffante du plateau et piétine.
Visiblement amusé par ce personnage un peu bas de plafond qui pense pouvoir traiter ses affaires de coeur comme ses affaires d'argent, Marco Vinco campe un Mustafa très convaincant. La voix de cette jeune basse n'est pas immense, mais sa souplesse et sa projection lui permettent d'affronter le rôle jusque dans ses moindres vocalises, sans l'aménager comme ses prédécesseurs Kristinn Sigmundsson (2000) et Simone Alaimo (1998 et 2004).
Moins gênée par la tessiture résolument basse d'Isabella, que sa consoeur Vesselina Kasarova (2000), mais vocalement plus hasardeuse que Jennifer Larmore (la meilleure titulaire à ce jour, 1998), Vivica Genaux, victime d'un refroidissement, a assuré la représentation sans préjudice notoire, mais sans éclat non plus (la voix bouge cependant de plus en plus). Très à l'aise scéniquement, son Italienne à mi-chemin entre une hôtesse de l'air et une danseuse du Crazy Horse, sexy en diable, est une professionnelle de la séduction à laquelle il est difficile de résister.
Sur les traces de Jeannette Fischer, inénarrable Elvira, Jaël Azzaretti se glisse sans difficulté dans son numéro d'épouse hystérique, aux côtés de la Zulma de Cornelia Oncioiu et du formidable Haly de Riccardo Novaro. Timbre délicat et souffle généreux, Lawrence Brownlee n'a aucun mal à triompher du joli rôle de Lindoro, Alessandro Corbelli (déjà présent en 1998 et en 2004 en compagnie de Miss Genaux) renouvelant son efficace Taddeo, sous la conduite du maestro Maurizio Benini, bon faiseur justement apprécié dans ce répertoire, après ses compatriotes Campanella et Pido.
François Lesueur
Rossini : L’Italienne à Alger – Paris, Palais Garnier, le 11 , puis les 14, 17, 20 23, 27, 30 septembre et les 3, 5 et 8 octobre 2010.
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