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Compte-rendu - Lucia di Lammermoor à Dijon - Les noces de la jeunesse et de l'expérience
Cet hiver, nous vous avions parlé de cette Lucia di Lammermoor de Donizetti présenté à Trèves en Allemagne en évoquant les mérites de la troupe lyrique dans les théâtres d'outre-Rhin. Qu'allait devenir cette production dans le cadre de l'Opéra de Dijon son coproducteur ? Car il ne reste du spectacle initial que la mise en scène, le décor unique et les costumes. Or, c'est bien le propre de ce qu'on n'appelle pas sans raison « le spectacle vivant » que de continuer à vivre au gré des artistes qui viennent s'y greffer. Or, toute la distribution est nouvelle comme le chef, les choeurs et l'orchestre né de la réunion de la Camerata de Bourgogne et de la phalange municipale.
Si à Trèves la troupe allemande assurait la cohérence d'ensemble, le problème en France, c'est justement de fédérer des éléments hétérogènes. Tel fut le rôle confié à Claude Schnitzler, chef de grande expérience. Il lui fallut l'introduction orchestrale pour unifier ses troupes et trouver le style propre au bel canto qu'il sut maintenir jusqu'au terme du drame. Il a bien du mérite à assurer l'unité entre fosse et plateau, compte tenu de l'immensité de la scène du Duo de Dijon, grande salle moderne, mais y parvient parfaitement. Les duos et trios sont remarquablement travaillés.
Les voix des quatre protagonistes sont en outre beaucoup plus équilibrées qu'à Trèves malgré la présence d'une Lucia de fort tempérament en la personne de la jeune soprano turque Burcu Uyar actuellement membre de la troupe de l'Opéra allemand de Berlin. Cette nature méditerranéenne ne demande qu'à suivre les indications du metteur en scène Olivier Desbordes : sa voix est saine et fruitée. Mais les trois jeunes hommes ne lui abandonnent pas la place : ni le ténor italien Andrea Giovannini, Edgard de grand format, ni les deux Français, le Henry puissant du baryton André Heyboer, et le Raymond impressionnant de la basse Jean Teitgen.
Voilà, en tout cas, un bel exemple de l'insertion professionnelle réussie de jeunes chanteurs nationaux tout en les frottant à la concurrence étrangère. Un exemple à suivre dans l'Hexagone.
Jacques Doucelin
Donizetti : Lucia di Lammermoor, Opéra de Dijon, le 13 mai 2009
www.opera-dijon.fr
03 80 48 82 82
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Photo : DR
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