Grand moment d’émotion Salle Gaveau avec ce récital de lieder interprétés par le ténor anglais Mark Padmore et le pianiste autrichien Till Fellner. L’intériorité et le sens narratif présents dans le florilège des mélodies de Beethoven trouvent encore mieux à s’exprimer dans Le Chant du cygne. Le caractère composite du cycle schubertien est superbement unifié par cette exécution bouleversante où les deux musiciens font corps, s’épaulent, se répondent avec une attention infinie qui porte la marque d’une complicité de tous les instants.

Dans ce parcours fantastique où passe toute la douleur du monde, la voix ombrée, bien projetée au timbre un peu mat de Mark Padmore, s’appuie sur l’évidence schubertienne d’un pianiste qui est aussi un diseur. La sensibilité émue de Ständchen, la tragédie de Der Atlas, l’étrangeté de Am Meer et l’angoisse de Der Doppelgänger nous projettent dans un univers où l’introspection rejoint la souffrance. Après une telle identification, on attend avec impatience ce Voyage d’hiver que nous promettent les deux interprètes.

Michel Le Naour

Paris, Salle Gaveau, 19 janvier 2011

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Photo : DR