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Compte-rendu - Maurizio Pollini joue Bach - Une vision hors du temps
Le vaste projet entrepris sur trois saisons par Maurizio Pollini Salle Pleyel était consacré le 13 juin dernier à l’exécution du1er Livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach. Depuis plus de trente ans, le pianiste italien se confronte dans son atelier à la conquête d’un univers qui, plus qu’une école de technique, exprime une quête spirituelle où l’harmonie des sphères et le symbolisme des nombres le dispute à l’émotion des passions humaines. Pourtant, les apparitions de Pollini dans ce répertoire se comptent sur les doigts de la main. De mémoire, le soliste aborde le 1er Livre avec une énergie qui fait fi des conceptions académiques qui se veulent plus authentiques.
S’accompagnant de la voix, grognant dans le départ de chacune des 24 fugues, son approche peu sensuelle mais toutefois romantique se présente comme une narration inexorable d’un équilibre, d’un dosage des plans sonores qui maintient constamment l’attention. La progression inéluctable s’achève au terme d’un parcours d’une heure trente par le Prélude et Fugue en si mineur BWV 869 à la puissance orchestrale qui laisse même passer furtivement l’ombre de Schumann. On ne peut qu’admirer la performance d’un musicien qui revient d’une manière très personnelle à ce monument du clavier sans se préoccuper de l’air du temps, affirmant d’une manière péremptoire sa propre conception avec une réussite impressionnante de maîtrise quasi mathématique et presque webernienne.
Michel Le Naour
Paris, salle Pleyel, 13 juin 2009
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Photo : DR
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