La Fondation Géza Anda et le Festival Piano en Valois présentaient Pietro De Maria dans un récital au Théâtre de l’Athénée consacré uniquement Chopin dont le pianiste italien est un grand spécialiste. Prix de la critique au Concours Tchaïkovski de Moscou en 1990 et vainqueur du Concours Dino Ciani la même année, il remporte en 1994 le Concours Géza Anda à Zurich et est couronné par le Prix Mendelssohn à Hambourg en 1997.

Son programme, ambitieux (Ballades n°1 et n°4 et 24 Etudes), est interprété avec toute la science du clavier par un coloriste subtil et racé pour qui la technique (au demeurant étincelante) est toujours au service de la musique pure. Disposant d’un piano (un Steinway transporté depuis Florence) qui ne favorise pas son sens infini des nuances et sa palette de sonorités, Pietro De Maria, légèrement en retrait dans la Première Ballade réussit, au fil des 12 Etudes de l’op 10, à surmonter le handicap de l’instrument pour dispenser une exécution de haute volée (la fameuse Etude « Tristesse » dégage sous ses doigts une émotion qui se fait bien rare dans les salles de concert).

On pourra discuter ici ou là le parti pris de l’interprète, mais le toucher, la qualité de phrasé, l’équilibre de la conception portent la marque d’un soliste d’exception. D’ailleurs, après l’entracte, tant dans la Quatrième Ballade que dans les Etudes de l’op 25, Pietro De Maria se montre plus dominateur dans sa vision à la fois délicate, svelte et emportée (les deux dernières études sont, à cet égard, une démonstration de ce que l’on peut faire dans ce type de répertoire). Les bis sont de la même eau : un Scarlatti pétillant, une Campanella de Liszt d’une perfection à couper le souffle et un Nocturne de Chopin qui crève le ciel. Quel talent !

Michel Le Naour

Paris, Théâtre de l’Athénée, 29 novembre 2010

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