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Compte-rendu : Retour en pente douce - Rolando Villazon et Hélène Grimaud en récital au TCE
Malgré la paralysie du ciel européen, la poursuite des grèves et les congés de printemps, le public était là pour fêter le retour parisien de Rolando Villazon, après de longs mois de silence. Un retour comme nous allons le voir, sage et prudent, loin des excès du passé, le ténor mexicain ayant choisi de se produire en récital accompagné pour l’occasion par Hélène Grimaud. Point d'air d'opéra ou de zarzuela ici, mais un bouquet de mélodies dosé avec soin par deux musiciens conscients et réalistes.
Duparc, abordé avec délicatesse et retenue, permet au ténor de chauffer un instrument sensiblement plus sombre et plus grave sur toute la tessiture. Le respect de la prosodie baudelairienne en particulier (La vie antérieure) laisse clairement percevoir le travail accompli par l'artiste pendant sa retraite, point qui restait litigieux jusqu'à ce jour. Peu de couleur dans ce chant contraint et précautionneux, mais un certain mordant (Le manoir de Rosemonde) et du sentiment (Chanson de l'adieu de Tosti).
Chez de Falla (Siete canciones populares espanolas), Villazon trouve ses marques grâce à une langue racée, parfois rugueuse et à l'accompagnement inspiré d'Hélène Grimaud qui donne pourtant l'impression de jouer davantage pour elle qu'avec son partenaire. Le choix du Dichterliebe de Schumann en seconde partie avait de quoi surprendre, Villazon ne s'étant jamais fait remarquer dans ce répertoire, marqué par Wunderlich, Fischer-Dieskau ou Van Dam. Fatigué, le ténor a frôlé l'accident à plusieurs reprises notamment sur des notes de passage situées dans le bas medium et le grave, souvent écrasé, dans « Hör'ich das Liedchen klingen », vocalement inconfortable et « Die alten bösen Lieder », conclu sur un fil.
Extérieur à l'univers dépeint dans ce cycle, son allemand paresseux, son timbre éteint et son incapacité à relancer la phrase, pourtant vaillamment soutenue par le jeu reptilien de Grimaud, n'ont fait qu'accentuer l'impression de tristesse laissée par ces retrouvailles en demi-teintes. Malgré les applaudissements nourris, le ténor a refusé tout bis, nous laissant sur notre faim, bien avant 22 heures. Prochain rendez-vous, le 6 mai à Pleyel, dans un programme consacré à Haendel. Attendons et jugeons !, comme dirait Marie dans La fille du régiment.
François Lesueur
Paris, TCE, 18 avril 2010
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Photo : DR
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