Plus ancienne formation symphonique d’Europe, le Gewandhausorchester de Leipzig (fondé en 1781) n’a cessé depuis de briller au firmament des phalanges internationales. Riccardo Chailly, son directeur musical depuis 2005, poursuit cette tradition légendaire comme en témoigne un concert parisien entièrement consacré à Antonin Dvorak.

L’Ouverture Carnaval est une source de vie, une explosion de couleurs avec une dynamique d’une puissance qui ne nuit jamais à la musicalité. Cette même impression prévaut dans l’exécution du Concerto pour violon avec Leonidas Kavakos en soliste : finesse, clarté de ligne, justesse d’intonation, élégance caractérisent son interprétation dont la pureté exclut parfois la générosité slave, mais la tendresse de l’Adagio ma non troppo fait oublier un temps cette quête de perfection. Le bis, d’ailleurs, (l’Andante de la Sonate pour violon seul BWV 1003 de J-S. Bach) est de la même veine, presque désincarné dans sa recherche d’intériorité et son absence de vibrato. L’accompagnement symphonique sait se faire à la fois enjôleur et d’une efficacité saisissante dans les tutti.

La 7ème Symphonie est d’une tension parfois explosive, plus brahmsienne dans les élans des cordes que proche du folklore des forêts de Bohême. La petite harmonie lumineuse et les cuivres mordorés réagissent avec bonheur à cette direction enlevée, énergique, qui fait plaisir à entendre. Il en va de même des bis consacrés à deux Danses slaves très contrastées où Chailly exploite toute la virtuosité d’un orchestre à la fois débridé et d’un lyrisme épanché. Une véritable leçon de direction par l’un des chefs les plus brillants de sa génération qui entretient avec son orchestre une relation privilégiée.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 28 février 2011

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