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Compte-rendu - Tristan et Isolde à Dijon - Un équilibre souverain
Dans le superbe vaisseau acoustique de l’Auditorium de Dijon, ce Tristan et Isolde de Wagner est aussi celui du metteur en scène Olivier Py et de son décorateur Pierre-André Weitz qui investissent l’espace entre ombre et lumière, onirisme et réalité. Présentée au Grand Théâtre de Genève en 2005, cette production a déjà été souvent commentée et même enregistrée en DVD sous la direction du regretté Armin Jordan. Après la Cité des Congrès de Nantes et le Théâtre d’Angers le mois dernier (Lire le compte-rendu), l’Opéra de Dijon la présente à son tour pour deux représentations.
On y retrouve les qualités vocales du Tristan puissant de Leonid Zakhozhaev, du Kurwenal expressif d’Alfred Walker, de la Brangäne sensible de Martina Dike, de l’impressionnant et profond Roi Marke de Jyrki Korhonen, ou encore de l’inquiétant Melot d’Eric Huchet. Présente seulement à Dijon (mais elle avait déjà tenu ce rôle à Genève), Elaine McKrill en Isolde crépusculaire se love de manière admirable dans les volutes du chant wagnérien et offre dans le duo d’amour du second acte avec Leonid Zakhozhaev un moment de rêve éveillé d’une sensibilité à fleur de peau. Elle réussit même dans la scène finale, malgré les projecteurs qui illuminent crûment la salle, à garder l’émotion intacte.
Succédant à l’Américain John Axelrod, le chef français Daniel Kawka, par sa direction souple, d’une grande lisibilité dans la mise en valeur des leitmotive, sait sans cesse relancer l’intérêt. Les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Dijon et de la Camerata de Bourgogne, sous sa baguette précise et claire, réalisent des miracles de concentration et d’intensité qu’on ne leur connaissait pas, à l’image du cor anglais de Jean-François Louis, d’une belle tenue de souffle qui semble percer l’air raréfié. Par son homogénéité, son engagement, sa poésie, l’ensemble de cette représentation est un moment privilégié, réalisant à sa manière cette osmose entre théâtre et musique que souhaitait Wagner.
Michel Le Naour
Tristan et Isolde de Wagner. Dijon, Auditorium, 17 juin 2009
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Photo : Gilles Abegg-Opéra de Dijon/font>
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