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Compte-rendu : Un Vespro pour le temps présent - Monteverdi par l’Ensemble vocal Roy de Chœur
Nouveau signe de l’universalité du Vespro : les relectures se multiplient au concert en cette année du 4ème centenaire de la publication à Venise de ce monument de dévotion et de musique. Versions qui d’ailleurs tendent parfois à s’écarter du projet « d’époque » et, par là, d’un style se voulant crédible en termes musicologiques.
Ainsi de cette reconstitution qui rassemblait en l’église Saint-Roch le jeune Ensemble vocal Roy de Chœur, conforté par un plateau de solistes zélés, côté chant, et l’Académie Sainte-Cécile, confiée à Philippe Couvert (photo), 1er violon de la Grande Ecurie chère à Jean-Claude Malgoire, pour les instruments. Entreprise a priori peu conforme aux règles d’interprétation du concert à l’ancienne, avec une chorale mixte de plus de 40 voix alors qu’abondent aujourd’hui les approches, disons plus ou moins « solistisantes » dans le camp des baroqueux.
Et cependant, il monte une vraie force de conviction de cette interprétation dirigée par la fervente Evelyne Schwab, passionnée de direction chorale depuis l’âge de quinze ans. Une conviction qui fait que l’auditeur en oublie vite les approximations (écarts de justesse, problèmes d’intonation et de rythmes), pour ne retenir que l’émotion, vertu devenue précieuse par les temps qui courent.
En clair, volonté d’apparat et message spirituel (cf. les antiennes grégoriennes cantillées au début de chaque psaume) n’y font qu’un, indépendamment des incises instrumentales demandées à Giovanni Battista Fontana et Biagio Marini, en référence à une pratique virtuose alors à la mode à Venise (mais rappelons que les Vêpres de la Vierge ont été écrites chez les Gonzague à Mantoue).
Très réussi est à cet égard le portique d’ouverture Deus in Adjutorium (ténor solo)… Domine, ad adjuvandum (chœur à 6 voix) où la rutilante toccata instrumentale (qui n’est autre que celle de l’Orfeo) a valeur d’hymne de la Maison Gonzague. Et si la suite de l’exhumation n’est pas sans lacunes (plus particulièrement, le double chœur du Nisi Dominus, fébrile plutôt que festif et loin de la danse sacrale qu’y a vu Monteverdi), une impression d’ensemble indéniablement favorable prévaut au dernier accord, confortée par le rayonnement d’un Magnificat à 7 d’éternité, en parfaite complicité de pensée avec la sensibilité mariale de l’office. En tout cas, voilà une reconstitution dont il faudra se souvenir au moment du bilan de la commémoration du Vespro, avec l’appoint, en complément, de quelques voix inattaquables (les ténors de Christophe Einhorn et Robert Getchell, les sopranos de Natacha Ducret et Gyslaine Waechli, la haute-contre de Christophe Laporte).
Preuve que la fidélité au Crémonais ne passe pas forcément par l’ego surdimensionné de telle ou telle formation à succès.
Roger Tellart
Paris, église Saint-Roch, 15 juin 2010
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Photo : DR
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