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Concert de clôture de l’Opéra-Comique - Émouvants adieux - Compte-rendu
L’heure est aux adieux à l’Opéra-Comique, appelé à rester fermé pendant dix-huit mois (pour cause de travaux). L’avenir dira ce qu’il en est du futur de la salle historique. Pour l’instant, on ne peut que souhaiter bonne chance à Olivier Mantei, qui succède à Jérôme Deschamps. Car Jérôme Deschamps nous quitte, après huit saisons de glorieux mandat directorial, en même temps que ferme le théâtre pour lequel il a tant œuvré aux fins de restituer son lustre d’antan. Avec un succès destiné désormais à faire référence et modèle (pour l’avenir, justement).
Deschamps était un peu l’étoile secrète de ce concert de clôture, hommage implicite à sa personnalité attachante et à son travail incomparable. Le prétexte en quelque sorte de ce dernier concert, qui récapitule trois cents ans de l’institution (fondée en 1715) et de son répertoire. C’est ainsi que Hérold, Berlioz, Messager et Bizet, voisinent avec Chabrier, Offenbach et Delibes. Pour des extraits de cet opéra-comique dit romantique qui a fait les riches heures de la maison.
La fête est placée sous le patronage du Cercle de l’Harmonie et de son chef titulaire, Jérémie Rhorer, accompagnant deux chanteurs. Melody Louledjian, que l’on a tant appréciée dans le rôle-titre de Ciboulette tout récemment en ce même lieu, remplace au pied levé Julie Fuchs initialement prévue. L’extrait de L’Amour masqué de Chabrier lui convient à merveille avec son discours chanté en arioso, peut-être mieux que la mouvante mélodie du Spectre de la rose de Berlioz. Mais Nicky Spence (photo) constitue la belle surprise de la soirée : ténor d’une technique confondante, jouant de nuances diaphanes et de changements de registres souverainement dominés. Tels qu’ils éclatent dans les pages des Pêcheurs de perles et de Lakmé.
Standing ovation pour Jérôme Deschamps © DR Opéra Comique
Le Cercle de l’Harmonie n’est peut-être plus exactement la même phalange qu’il n’y a guère (depuis sa scission ayant donné naissance au Concert de la Loge Olympique), avec quelques incertitudes d’attaques et de cohésion (sensibles notamment dans la Marche hongroise). Malgré la belle énergie de déploie Rhorer, un peu trop parfois (comme dans susdite Marche). Mais qu’importe, l’esprit est là ! Et l’émotion. Visible chez Deschamps (avec quelques larmes contenues), venu faire une dernière apparition devant son public, qui le gratifie d’une ovation survoltée. Amplement méritée et justifiée ! Au revoir Jérôme !
Pierre-René Serna
Opéra-Comique, Paris, 27 juin 2015
Photo Nicky Spence © Raphaelle Photography
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