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« Concert de Maître » au Festival Jeunes Talents – La relève est là - Compte-rendu
Chaque année, le festival Jeunes Talents invite un artiste de renommée internationale à se joindre, le temps d’un concert, aux jeunes musiciens lauréats de conservatoires supérieurs européens qui constituent l’essentiel de sa programmation.
Pour cette 16ème édition, c’est la pianiste Anne Queffélec (photo) qui dirige ce “Concert de Maître” et choisit trois jeunes instrumentistes : le violoniste Guillaume Chilemme, l’altiste Léa Hennino et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière. Installés dans le superbe cadre de la cour de Guise, au cœur de l’Hôtel de Soubise, les quatre musiciens ont emporté le public sous les derniers rayons du soleil - et la brise légère faisant voler les partitions ...
Le concert débute avec les Sonates pour violon et pour violoncelle de Claude Debussy. Pris d’une fièvre nationaliste au plus fort de la Grande Guerre, “Claude de France” renoue avec l’esprit et le style français, celui de Couperin et Rameau, sans jamais verser dans le néo-classicisme. Guillaume Chilemme et Anne Queffélec s’emparent superbement de la Sonate pour violon et piano, où la lenteur des tempi renforce l’impression de divagation éthérée et mélancolique. Le jeune violoniste, une fois pleinement entré dans l’œuvre, démontre la formidable précision de son jeu, sans emphase aucune, et déploie de très belles couleurs. Plus rugueuse, la Sonate pour violoncelle revêt sous l’archet de Victor Julien-Laferrière une espièglerie naïve qui semble rendre plus vivant que jamais ce “Pierrot” tragi-comique que dessine Debussy. Entre les deux sonates, Léa Hennino interprète avec sobriété les trois célèbres Fantasiestücke Op. 73 de Schumann. Dans tous les cas, la bienveillance et la simplicité d’Anne Queffélec rassurent et poussent les jeunes musiciens à donner le meilleur d’eux-mêmes.
En seconde partie, le Quatuor avec piano en sol mineur KV 478 de Mozart réunit tous les instrumentistes dans un magnifique moment de partage et de complicité. Les regards se croisent à tout instant, les respirations se confondent pour laisser chacun parler à son tour, avec un parfait équilibre. Ce chef-d’œuvre de la musique de chambre, aux accent Sturm und Drang, prend ainsi tout son sens dans pareil cadre, sans explosion d’ego ni démonstration de force. En bis, les musiciens livrent un délicat Larghetto du second Quatuor avec piano KV 493 à un public absolument captivé. Le genre de concert qui donne envie de bannir définitivement de son langage la formule “jeune mais talentueux”...
Le festival se poursuit jusqu’au 23 juillet et, parmi les soirées à ne pas manquer, on relève, le 20 juillet, un concert Hommage à Henri Dutilleux (qui fut Président d’honneur de Jeunes Talents de 2004 à sa disparition en 2013), avec des pièces méconnues de l’artiste et des créations de jeunes compositeurs : Jules Matton, Fabien Touchard, Camille Pépin, Benoît Menut et Nicolas Worms
Raphaël Dor
Paris, Hôtel de Soubise à Paris, le 5 juillet 2016
www.jeunes-talents.org/festival/presentation
Photo © DR
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