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CONCOURS INTERNATIONAL DE JEUNES CHEFS D'ORCHESTRE DE BESANÇONLE BLOG - Dans l’attente de l’élu
Le Festival International de Musique de Besançon, créé en 1949, fête aussi cette année le 51e anniversaire du Concours International de jeunes chefs d’orchestre. Il se déroule désormais tous les deux ans et sa réputation est à l’image des vainqueurs de cette compétition : Ozawa, Plasson, Macal, López-Cobos, Soudant, Cambreling, Sado… et plus récemment le jeune Lionel Bringuier.
Une sélection drastique à travers le monde
Les 20 candidats retenus (de 14 nationalités avec une forte présence asiatique) sont le résultat d’une présélection à Besançon, Montréal, Berlin, Tokyo, Pékin, qui rassemblait 247 prétendants. C’est dire combien le choix opéré se situe à un haut niveau d’exigence. L’âge des candidats, le plus souvent proche de la trentaine, pourrait signifier que l’expérience est déterminante pour ce métier de chef dont on connaît les contraintes. Cela n’a pas empêché un jeune britannique de 16 ans d’atteindre le 15 septembre les 1/4 de finale. Parmi les candidats, certains présentent un curriculum vitae particulièrement étoffé et impressionnant : l’un a été l’assistant de Sir Colin Davis, l’autre de Seiji Ozawa, un Japonais a dirigé Don Giovanni à Vienne, un bulgare a participé au Festival de Bregenz. Une française a été chef assistante de La Petite Renarde rusée à l’Opéra de Paris, certains ont remporté des prix dans d’autres concours internationaux ou participent en tant que musiciens d’orchestre à des formations comme l’East-Western Diwan Orchestra de Daniel Barenboïm…
Un répertoire très exigeant
Lors des 1/8e de finale, au menu, l’Ouverture de La Flûte enchantée et le premier mouvement de la 5ème Symphonie de Beethoven. A vingt reprises, l’Orchestre de Besançon-Franche Comté devait répéter ces deux morceaux emblématiques sous la baguette de chaque candidat tout en s’adaptant à des personnalités contrastées aux conceptions parfois antagonistes. Ceci constituait un test particulièrement révélateur où, selon l’un des participants, nulle erreur n’est possible au risque d’être immédiatement sanctionnée. Le jury, présidé par le tchèque Jiri Belohlavek (photo), directeur musical du BBC Symphony Orchestra a pu, durant le quart d’heure que constituait le premier test, porter rapidement un jugement. Les 1/4 de finale en présence du BBC Symphony Orchestra auront été tout autant déterminantes, alliant la complexité de deux mouvements de Tarass Boulba de Janácek à l’élan dramatique et à la respiration mélodique de l’Ouverture de La Force du destin de Verdi.
Les 6 candidats rescapés en vue de la demi-finale (un Vénézuélien, un Bulgare, trois Japonais et une Chinoise) auront à accompagner des extraits de Don Carlo et des Noces de Figaro ainsi que d’Alexandre Nevski de Prokofiev. Enfin, les 3 finalistes, le 19 septembre, devront se mesurer à la création mondiale intitulée Times de Canat de Chizy (elle-même membre du jury et en résidence auprès de l’Orchestre de Besançon), à deux mouvements du Concerto pour violon de Mendelssohn (avec David Grimal en soliste) et à la redoutable introduction de la Symphonie fantastique de Berlioz.
Un concours internationalement connu
Le directeur du Festival, David Olivera, constate combien le public est curieux de voir ces jeunes interprètes faire leurs preuves en quelques minutes face à des orchestres qu’ils ne connaissent pas. Le directeur musical de l’Orchestre de Besançon, Peter Csaba (qui abandonnera ses fonctions l’an prochain), insiste sur l’évolution de la vie musicale de la capitale bisontine (de 50 abonnés il y a 15 ans à 800 cette saison). Lors des voyages qu’il a effectués pour la sélection des candidats, il a aussi eu conscience de l’image de marque de ce concours célèbre à travers le monde qui contribue, autant que la Citadelle de Vauban, à asseoir la réputation de Besançon urbi et orbi.
Besançon, Kursaal
Lire les autres articles de Michel Le Naour
Photo : DR
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Le 16 septembre 2009
3 Questions à Karine Lethiec, altiste et directrice artistique de l’Ensemble Calliopée
Avec trois œuvres d’Edith Canat-de-Chizy inscrites au programme de son concert au Festival de Besançon (le 18 septembre), l’Ensemble Calliopée manifeste son attachement au répertoire contemporain et à la musique d’une créatrice à laquelle une étroite complicité le lie désormais.
Quelle place occupe d’une façon générale la musique dite contemporaine dans l’activité de Calliopée ?
Karine Lethiec : Elle est vitale pour notre Ensemble et représente 50% de son répertoire. Comme il nécessaire de boire et de manger, comme on a besoin du ciel et de la terre, nous avons autant besoin de jouer du Brahms ou des auteurs du début du XXe siècle que de la musique actuelle. Si nous ne fréquentions que la musique contemporaine nous deviendrions secs, mais si nous ne jouions que Schumann et Dvorak nous manquerions de richesse. Nous avons besoin de nous nourrir de diversité, de découvertes.
Comment se sont noués les liens entre Edith Canat-de-Chizy et l’Ensemble Calliopée ?
K. L. : La rencontre s’est produite en 2006. J’avais eu auparavant l’occasion d’entendre une de ses œuvres pour orchestre, quand nous nous sommes retrouvés autour d’une table pour regarder ses partitions ensemble, l’interroger sur ce quelle avait écrit pour des formations de chambre, ce quelle aimerait faire jouer, sur sa démarche, etc. Nous nous sommes rendus compte très vite qu’elle est passionnée par les cordes – elle-même est violoniste – et nous avons rapidement programmé le trio à cordes Moving, que nous jouerons d’ailleurs à Besançon. L’entente a été d’emblée très bonne. Edith a cette « passion instrumentale » qui rend sa musique extrêmement agréable à jouer. Elle est basée sur le geste, sur un confort de l’instrumentiste et elle est inspirée - ce qui n’est pas toujours le cas dans le répertoire contemporain. On y trouve une grande ferveur, une volonté de donner un sens, tout en veillant à ce que les choses soient instrumentalement réalisables. Le geste, l’élan qui la caractérisent procurent beaucoup de plaisir à l’exécutant.
Petit à petit nous sommes entrés dans le langage d’Edith. Nous avons appris à connaître l’artiste, à l’aimer. Nous apprécions son sérieux : quand nous travaillons, elle assiste aux répétitions, elle prend le temps. Au CRR de la rue de Madrid, Calliopée collabore de manière approfondie avec elle(1). Nous avons un projet global sur l’année, réalisé en partenariat avec les classes d’analyse et d’histoire de la musique de Corinne Schneider et avec le pôle de création musicale qu’Edith à mis en place au CRR.
Edith a écrit deux nouvelles pièces pour Calliopée et nous les jouerons au CRR, le 28 janvier 2010, lors d’un concert ont figureront aussi des œuvres de Bruno Mantovani et de la musique française du XXe siècle, car nous ne nous limitons jamais nos programmes au contemporain. Cela nous donnera l’occasion de travailler avec Bruno Mantovani, que nous apprécions beaucoup aussi, et de mettre en parallèle son langage et celui d’Edith Canat-de-Chizy.
Comment avec vous construit le programme du 18 septembre à Besançon ?
K. L. : Il nous fallait tenir compte de plusieurs choses : mettre en valeur les pièces de musique de chambre d’Edith, respecter la thématique italienne du festival et jouer des œuvres dans l’actualité de Calliopée. D’Edith, nous avons retenu trois œuvres : le trio à cordes Moving, Falaises, un quintette à deux violoncelles où, plus exactement, un quatuor avec violoncelle principal, et En bleu et or, une pièce pour alto et piano que j’aime beaucoup, inspirée d’un tableau de Whistler et d’un texture assez debussyste. C’est la raison pour laquelle elle sera associée dans le programme à des Images pour piano jouées par Frédéric Lagarde, le pianiste de Calliopée. Pour rester dans le début du XXe siècle et parce que c’est un auteur sur lequel nous travaillons depuis deux ans et que nous nous sommes donné pour mission de faire connaître, nous jouerons le chef-d’œuvre de la musique chambre de Bohuslav Martinu, le Quatuor avec piano H. 287(2). Quant à l’Italie, elle ouvre le programme avec une Sonate a quattro de Rossini, dans un arrangement « calliopéen » pour deux violons et deux violoncelles.
Propos recueillis par Alain Cochard
(1) On trouvera une illustration de cette collaboration sur le DVD inclus dans le livre d’entretien d’Edith Canat-de-Chizy avec François Porcile (Editions Cig’art)
(2) Un Quatuor qui figure, aux côtés du premier enregistrement du Trio à cordes n°1 entre autres, sur un remarquable CD Martinu de l’Ensemble Calliopée (Alpha – 143)
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14 septembre 2009
3 questions à Edith Canat-de-Chizy
Compositrice en résidence du 62e Festival de Besançon, Edith Canat-de-Chizy est également membre du jury du Concours international de jeunes chefs d’orchestre, présidé par Zdenek Macal, et a pris une part très active dans la préparation de cette compétition.
Comment s’est préparée votre résidence à Besançon ?
Edith Canat-de-Chizy : Elle a fait l’objet très gros travail en amont car je ne disposais que d’un an. En principe la résidence à Besançon dure deux ans, mais étant donné que Bruno Mantovani y était resté trois ans, le Festival m’a demandé de procéder ainsi pour « retomber sur ses pieds » en termes de calendrier. J’ai effectué de nombreuses interventions après du Conservatoire, auprès de toutes les écoles de musique avoisinantes (Dole, Vesoul, Belfort), auprès des collèges, de l’Université. J’avais trois sujets de conférences en relation avec ma musique : poésie et musique, peinture et musique, geste et écriture.
J’ai également écrit la partition destinée à la finale du concours. Elle sera créée le 19 septembre avec l’Orchestre Symphonique de la BBC et s’intitule Times, un titre très adapté à Besançon qui est la ville de temps, ce à quoi je n’avais d’ailleurs pas pensé au départ.
Comment s’est effectué le choix des autres œuvres de votre main qui seront jouées lors de divers concert du Festival ?
E. C. de C. : J’en ai parlé tout au début avec David Olivera (le Directeur du Festival, ndlr). Nous avons décidé ensemble qui nous allions inviter pour interpréter des œuvres illustrant les principaux aspects de ma musique. Elisabeth Chojnacka, Cyril Dupuy et Florent Jodelet donneront une création pour clavecin, cybalum et percussion, mais il y aura par ailleurs des pages vocales interprétées par le Nederlands Kamerkoor, avec lequel j’avais auparavant réalisé un CD, des œuvres musique de chambre confiées à l’Ensemble Calliopée, et enfin trois œuvres d’orchestre : Times avec l’Orchestre de la BBC, La Ligne d’ombre par l’Orchestre de Besançon et Omen par l’Orchestre National de Lyon. Je vais en profiter pour réaliser un enregistrement intégral de mes pièces d’orchestre pour le label Aeon.
Vous êtes également membre du jury du Concours international de jeunes chefs d’orchestre et vous avez là-aussi beaucoup travaillé en amont…
E. C. de C. : En effet, j’ai participé avec Peter Csaba et David Olivera aux présélections. Nous sommes allés à Berlin, Pékin, Tokyo, Montréal. Je participais pour la première fois à la préparation d’un concours de chefs, une expérience passionnante d’autant que je suis sensible, comme tout compositeur, à l’importance du chef car je sais combien les choses dépendent de lui, en grande partie. Peter et moi étions tout le temps d’accord. Nous avons auditionné environ deux-cents jeunes chefs et je constate que, dès que l’on voit entrer le candidat, en fonction de la manière dont il se présente, dont il parle aux musiciens, on sait déjà à qui l’on a affaire.
L’épreuve n’était pas commode pour les candidats car ils dirigeaient Petrouchka dans la version pour piano à quatre mains – celle que Stravinski avait réalisée pour les pianos à rouleaux « Pianola ». Il leur fallait s’adresser aux deux pianistes et les faire travailler, ce qui, avec une partition d’orchestre sous les yeux, n’est pas évident. Le début de la Symphonie « Prague », jouée à quatre mains également, figurait par ailleurs au programme de l’épreuve. Vingt jeunes chefs ont au bout du compte été retenus pour participer au Concours.
Propos recueillis par Alain Cochard
Photo : Isabelle de Rouville
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11 septembre 2009
Trois questions à David Olivera, directeur du Festival de Besançon
A son poste depuis 2007, David Olivera aborde la 62e édition d’une manifestation inspirée par le thème du « Voyage en Italie » et qui se déroule, comme c’est le cas tous les deux ans, parallèlement au célèbre Concours international de jeunes chefs d’orchestre. Il a répondu à concertclassic, quelques jours avant le commencement de la fête musicale franc-comtoise le 11 septembre.
Pourquoi avoir choisi le thème du « Voyage en Italie » ?
David Olivera : « L’édition 2009 est très marquée par la personnalité de notre artiste associé : Zdenek Macal. Depuis l’an dernier nous avons décidé de confier pour deux ans la direction artistique du festival à un chef d’orchestre. Zdenek Macal est un ancien lauréat du Concours et c’est donc avec lui que nous avons déterminé le thème de l’édition 2009 et conçu la programmation. Macal partage avec beaucoup d’autres musiciens un profond amour de l’Italie. Le choix du « Voyage en Italie » est une occasion de s’interroger sur l’attrait de tant de compositeurs, à l’époque romantique en particulier, pour ce pays, sur ce qu’ils sont allés y chercher. Nous avons bien sûr pensé au Prix de Rome, à la Villa Medicis, mais plus largement à des compositeurs de toutes nationalités inspirés par l’Italie.
Comment s’articulent le Festival et le Concours international de jeunes chefs ?
D. O. : Il faut avant tout rappeler que, si le Festival à lieu tous les ans, le Concours est biennal. Une année sur deux, le Festival est donc plus important, plus développé, puisque les années sans Concours il dure seulement dix jours, tandis que lorsqu’il se conjugue avec celui-ci il s’étale sur deux semaines. Nous nous attachons a vraiment intégrer le Concours à la programmation du Festival et, pour le public, les épreuves du Concours sont des rendez-vous aussi importants que les concerts du Festival. Cette imbrication des épreuves et des concerts contribue à faire l’identité d’un Festival où l’on retrouve d’anciens lauréats. Des relations privilégiées se nouent ; les chefs ne viennent pas diriger à Besançon comme ils iraient le faire ailleurs. Ils sont prêts à se lancer dans des expériences musicales parfois un peu particulières.
Qu’en est-il de l’ancrage régional du Festival et des liens que vous tissez avec des institutions proches géographiquement telles que le Festival de Montreux ou le Concours Clara Haskil ?
D. O. : L’objectif du Festival est d’avoir un niveau d’exigence dans la programmation qui soit en phase avec la notoriété du Concours international de jeunes chefs d’orchestre, et donc de présenter des musiciens, chefs, orchestres, solistes, qui représentent ce qui se fait de mieux dans leurs domaines respectifs. En même temps, il important que le Festival soit ancré localement et dans sa région, en travaillant avec des acteurs culturels locaux, pour que tous les publics et pas seulement les habitués des festivals et des concerts profitent d’une programmation de très haut niveau. Au-delà du cadre de la région stricto sensu, nous avons une collaboration transfrontalière avec le Festival de Montreux et le Concours Clara Haskil. Nous collaborons pour la deuxième année consécutive avec Montreux. L’objectif est que chaque festival serve de support à l’autre pour se faire connaître de l’autre côté de la frontière et que l’échange de public soit ainsi favorisé. L’idée est de développer un parrainage mutuel vis-à-vis des publics. Cette année, nous avons élargi cette collaboration franco-suisse au Concours Clara Haskil – une pianiste dont le nom a marqué l’histoire du Festival de Besançon. C’est là un échange logique entre nos deux concours. Nous accueillons ainsi pour un récital le lauréat du Concours Clara Haskil 2009, le 12 septembre, et le lauréat de Besançon, désigné au terme de la finale, le 19 septembre, dirige le lendemain à Montreux(1).
Propos recueillis par Alain Cochard
(1) Septembre Musical de Montreux-Vevey : www.septmus.ch
Photo : DR
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