Journal
Création d’Odyssée de Sonia Wieder-Atherton à Aix - Fin de trilogie
Son parcours l’atteste, Sonia Wieder-Atherton n’est pas une violoncelliste comme les autres ; elle a d’ailleurs bien conscience de sa place singulière dans le milieu de la musique classique. « Ma conception de l’interprète est celle d’une personne nourrie d’une multitude de choses, affirme l’ancienne élève de M. Gendron, M. Rostropovitch et N. Chakhovskaïa. C’est un peu comme une surface d’eau que l’on regarde. Soit on ne voit que le liquide, soit on se pose la question de savoir de quoi cette eau est faite. Les sources qui viennent de la montagne, les affluents qui viennent de la mer, les chutes de pluie... Plus elle est composée d’éléments extérieurs et plus elle est riche. Pour moi, le son d’un musicien, c’est la même chose. Il y en a un certain nombre que vous sentez nourris de plein de choses différentes, éclectiques, qui font qu’ils sont à part. Moi, c’est, je l’espère, vers cela que je tends. Alors, pour un certain milieu bien pensant pour lequel il faut rester dans les cases, je suis une marginale du classique. »
Tant pis pour les amateurs de programmes convenus, d’itinéraires soigneusement balisés, Sonia Wieder-Atherton invente un nouveau rapport à la musique et, partant, au public. Un récent et passionnant programme Monteverdi/Scelsi en a donné l’exemple, au même titre qu’une trilogie entamée il y a des années avec Chants juifs. Après Chants d’Est, elle se referme avec une création donnée au Musée du Jeu de paume d’Aix-en Provence dans le cadre des nombreuses initiatives suscitées par Marseille-Provence 2013.
La Méditerranée ne pouvait qu’attirer la violoncelliste et l’ «Odyssée pour violoncelle et chœur imaginaire » qu’elle s’apprête à créer au Jeu de paume et à reprendre à plusieurs reprises lors de la tournée qui suivra est le fruit de cette rencontre. Des chants égyptien, corse, syrien, andalou, etc., des pages de Bellini, Granados, Krawczyk, Aperghis, Bach ou Schumann font partie d’un spectacle total comme les aime une artiste qui a fait appel à son complice Franck Krawczyk, mais aussi à Franck Rossi (bande-son), Romain Pellas (scénographie) et François Thouret (lumières).
« Me confronter seule aux éléments. A la mer, à la tempête, au vent, aux sirènes de bateaux. Aux clameurs. A silence quand brûle le soleil et que même les grillons se taisent. Être submergée, résister, ne jamais être témoin mais actrice », dit Sonia Wieder-Atherton de l’Odyssée dans laquelle elle va bientôt entraîner le spectateur. Un superbe voyage s’annonce.
Alain Cochard
« Odyssée pour violoncelle et chœur imaginaire » 5, 6 et 7 mars 2013 – 20h 30
Aix-en-Provence – Théâtre du Jeu de paume
www.lestheatres.net/fr
Puis les 21 mars (Metz - Arsenal), 23 mars (Talence - Agora du Haut-Carré), 27 mars (Paris - Gaité lyrique), 3 avril (Nanterre - Maison de la Musique), 5 et 6 avril (St Quentin en Yvelines - Théâtre), 9 avril (Cébazat - Le Sémaphore), 29 juin 2013 (Noirlac - Abbaye)
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Photo : Thomas Robin
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