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Création française de Vabeni de Krystof Maratka - Rituel des origines - Compte-rendu
Etonnant et passionnant créateur que Krystof Maratka (né en 1972). Quelques mois après la création au dernier Festival de Prades de son magistral Quatuor à cordes « Livre des cendres », où le compositeur tchèque rend un hommage ému à son père, il vient de faire entendre en création française Vabeni, ultime volet d’une trilogie inspirée par la préhistoire - Otisk (Empreinte), pour orchestre, et Zverorha (Jeux de Bêtes), pour soprano et orchestre, ont précédé.
Dédié à Vaclav Havel et créé à Lodz en novembre 2012 sous la direction de l’auteur, puis repris à Toronto en mars dernier, Vabeni (mot tchèque que l’on peut traduire par attirance pour un monde mystérieux) est sous-titré « Rituel des fossiles préhistoriques de l’homme » et consiste en une saisissante composition pour chœur et orchestre où les voix traduisent l’éveil d’une communauté de fossiles préhistoriques. Maratka fait volontiers sienne la formule « concerto pour chœur » que d’aucuns ont utilisée au moment de la création polonaise de Vabeni. La masse chorale occupe en effet un rôle central dans cette ambitieuse composition de quarante-cinq minutes environ. Les membres du Chœur de Radio France, remarquablement préparés par Michel Tranchant, ne sont sûrement pas près d’oublier l’utilisation totale que Marataka y fait du chœur …
Du cris au chant, des battements de pieds aux claquement de mains, des chuchotements aux onomatopées les plus variées, des tapotements sur les joues aux sifflets, et bien d’autres trouvailles encore, le compositeur revendique une fois de plus sa totale liberté au pays des sons – avec une esthétique bien différente, la démarche de Maratka fait parfois songer ici à celle du Villa-Lobos de certains Chôros. En six sections enchaînées, Vabeni tire aussi parti d’une étroite imbrication entre le chœur et l’orchestre, le premier étant disposé, côté jardin, à l’emplacement des violons.
A la tête de Philharmonique de Radio France, Peter Oundjian se montre totalement impliqué dans une partition foisonnante de détails et savamment organisée ô combien sous des dehors très sauvages. La progression dramatique de Vabeni plonge l’auditeur dans un étrange et saisissant rituel qui, après le méditatif répit de la cinquième partie, le confronte à l’explosion et à la transe de la section conclusive. On sort un peu groggy mais enthousiaste d’une partition inclassable, qui ne vous lâche pas une seule seconde.
En seconde partie, le chef canadien convoque quatre extraits de Ma Patrie de Smetana et en signe une interprétation drue, un peu trop compacte parfois, mais tenue avec fermeté et conviction.
Alain Cochard
Paris, Salle Pleyel, 10 mai 2013
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Photo : DR
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