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Cristian Măcelaru et l’Orchestre National de France font leur rentrée – Simplicité et engagement – Compte-rendu
Le départ anticipé d’Emmanuel Krivine de la direction musicale de l’Orchestre National de France a accéléré les choses et c’est avec un an d’avance sur le calendrier initialement prévu que son successeur, Cristian Măcelaru (photo), a pris ses fonctions début septembre.
Quelques jours après l’Orchestre Philharmonique et Mikko Franck, c’était au tour du chef roumain (40 ans), de faire sa rentrée avec l’autre phalange de Radio France dans un programme franco-russe. Comme au Philhar, le port du masque prévaut au National, vents exceptés il va de soi, mais chef compris – ce qui peut sembler un tantinet excessif compte tenu du parfait respect de la distanciation à l’Auditorium.
Cristan Măcelaru ouvre sa première saison sur un très beau Prélude à l’après-midi d’un faune, pièce symbolique s’il en est. On se laisse séduire par l’art des timbres et la souplesse de ligne avec lesquels le chef laisse la musique de Debussy s’épanouir au fil d’une lecture ample et d’une grande simplicité.
Benjamin Grosvenor © Patrick Allen — Opera omnia
Après le Concerto n° 3 sous les doigts d’Anna Vinnitskaya la semaine précédente (1), Radio France poursuit son cycle Rachmaninov avec le Concerto n°2, confié à Benjamin Grosvenor. Le pianiste britannique signe une interprétation très stylée de l’Opus 18, moins résolument personnelle assurément que celle de la pianiste russe dans le n°3, mais dont le caractère très fouillé, le lyrisme jamais sirupeux (mais un peu bridé, comme chez Vinnitskaya, par un piano trop fermé dans le médium et l’aigu) peut compter sur une direction très vivante et attentive. 2e Danse argentine d'Alberto Ginastera en bis
Pour l’amoureux de musique française, l’attrait de ce très bref programme inaugural tenait avant tout à la présence de la rarissime Symphonie n° 2 op. 55 de Saint-Saëns. Un petit bijou de jeunesse (1859), plein d’originalité (avec une fugue dans le premier mouvement), que Măcelaru défend avec autant de précision et d’énergie (le Scherzo aurait pu être plus enlevé toutefois) que de richesse dans les couleurs - superbe Adagio, auquel le cor anglais de Laurent Decker apporte beaucoup de poésie.
D’un bout à l’autre d’un concert que refermait la version orchestrale de la Rêverie pour piano de Debussy, offerte en bis, on aura d’ailleurs eu bien des occasions de goûter les qualités des souffleurs du National, à commencer par la flûte de Philippe Pierlot chez Debussy. Et l’on aura pu constater l’arrivée dans les rangs du National de Carlos Ferreira en tant que 2e clarinette solo. Le jeune musicien, après un deux saisons à l’Orchestre national de Lille, vient d’intégrer la phalange parisienne : la radieuse musicalité des interventions de l’ancien élève de Michel Arrignon n’est pas passée inaperçue !
Alain Cochard
Paris, Auditorium de Radio France, 24 septembre 2020
Photo © Sorin Popa
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