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David Bismuth et Geneviève Laurenceau au Festival Radio France Occitanie Montpellier – Poésie et style –Compte-rendu
Le Festival de Radio France aime à mêler les genres et, si la musique française est à l’honneur ce 18 juillet en fin de journée, c’est celle pour piano et pour piano et violon du XIXe siècle qui prélude à une soirée occupée par la renaissance d’Issé de Destouches. Complices de longue date, David Bismuth et Geneviève Laurenceau ont rendez-vous à la salle Pasteur (climatisation toujours aussi zélée !) dans un programme Franck, De Montgeroult, Chausson, Saint-Saëns.
Le concert s'ouvre avec un auteur et un ouvrage que David Bismuth fréquente depuis très longtemps. On se souvient en effet que l’ancien élève de Brigitte Engerer a commencé sa carrière discographique par un bel enregistrement (réalisé en 2003) mêlant des pages de Franck et Fauré (1). A Montpellier, le pianiste retrouve le Prélude, Fugue et Variation, pièce d’orgue (tirée des Six Pièces de 1859-1863) arrangée pour piano par Harold Bauer. Il en signe une interprétation très poétique servie part le jeu bien timbré, le sens des plans sonores et la simplicité qu’on apprécie chez lui, avant de passer à l’Etude n° 62 en mi bémol majeur « Pour apprendre à chanter en se croisant sur la droite » d’Hélène de Montgeroult (1764-1836) (2) dont il restitue le caractère pré-schubertien avec charme et liberté.
Réalisation d’un musicien de 25 ans, la Sonate en fa mineur (1880) d’Ernest Chausson n’est certes pas un chef-d’œuvre mais constitue une étape non dénuée d’intérêt dans le développement d’un admirable musicien trop tôt disparu. Les influences ne manquent pas (Franck, Massenet, Schumann aussi), ni certaines longueurs ; on sait gré à D. Bismuth de permettre la découverte de cette rareté, en ne cherchant jamais à lui faire dire plus qu’elle ne saurait exprimer.
Suit un bel Allegro appassionato op. 70 de Saint-Saëns, mené avec chic et brio, avant que la Sonate n° 1 en ré mineur du même ne réunisse en conclusion G. Laurenceau et D. Bismuth. L’ouvrage, inclus dans le splendide enregistrement « Paris 1900 » (Naïve) que les deux artistes on livré en fin d’année passée(3), n’a plus de secret pour eux. Cette familiarité n’engendre toutefois aucune routine et n’altère en rien l’émerveillement de ses interprètes. Le bonheur d’en déployer les phrases avec sveltesse et lyrisme, d’en éveiller les couleurs, demeure, intact. C’est très simplement beau, lumineux et d’une justesse de style parfaite. Retour en bis du finale Allegro molto, mené avec maestria, pour le plus grand bonheur d’un public conquis !
Alain Cochard
Montpellier, Le Corum, Salle Pasteur, 18 juillet 2018-07-25
(1) 1 CD Ame Son ASCP
(2) Compositrice que l’on ne peut évoquer sans rendre hommage à Jérôme Dorival qui a tant fait pour sa redécouverte : http://www.helenedemontgeroult.con
(3) www.concertclassic.com/article/genevieve-laurenceau-et-david-bismuth-au-bal-blomet-paris-1900
Photo © Rémi Rière
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