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David Kadouch en récital à l’Athénée - Tonus et intelligence - Compte-rendu

Le 33ème Festival Piano aux Jacobins s’ouvrira le 4 septembre prochain par un concert très attendu d’Henri Barda dans des œuvres de Ravel et de Chopin. Mais la fête du piano toulousaine a déjà commencé avec, comme c’est depuis longtemps la tradition, un récital «hors les murs » à Paris, au Théâtre de l’Athénée cette fois. Après Fou Ts’ong en 2010 et Philippe Bianconi en 2011, c’est à un artiste de la nouvelle génération que Catherine d’Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan (les co-directeurs du festival) ont fait appel en la personne de David Kadouch. Bien leur en a pris car la prestation du disciple de Dimitri Bashkirov démontre que le jeune prodige d’hier a mûri et s’impose, à vingt-sept ans, parmi les plus séduisantes personnalités du jeune piano français.

Prélude et fugue en sol dièse mineur op 29 de Taneïev : on cède immédiatement au naturel avec lequel Kadouch attaque son concert, avant d’être saisi par son intelligence du texte et son sens du détail dans un diptyque dont il explore la complexe fugue avec vitalité et aplomb. Deux Préludes de Debussy (Ce qu’à vu le vent d’ouest, Les fées sont d’exquises danseuses) soulignent la richesse d’une palette sonore au service de l’imaginaire poétique et servent de transition vers la Sonata reminiscenza de Nikolai Medtner. La musique de celui que l’on a parfois décrit comme un « Brahms russe » a besoin d’interprètes tels que celui-ci. Kadouch sait chanter, mais ne s’alanguit jamais, ne surligne pas et s’attache d’abord à restituer dans sa totalité le foisonnement polyphonique de l’écriture. Puisse-t-il explorer d’autres aspects de l’immense production du Russe - la Tragica ou la Vent nocturne, sans parler des Skazki, auraient fière allure sous ses doigts !

Les Tableaux d’une exposition occupent la seconde partie de la soirée. Une oeuvre archi-rebattue mais à laquelle le pianiste sait apporter un parfum de nouveauté. La conception se veut allante, tonique, narrative et montre en outre la capacité de l’artiste à adapter son jeu à l’acoustique d’une salle plutôt intimiste. C’est plus par l’exaltation des timbres que par les renforts de décibels (La Grande Porte de Kiev s’avère exemplaire de ce point de vue) qu’il parvient à son but. Public conquis, gratifié en bis d’une Romance sans paroles de Mendelssohn d’une tendresse sans apprêt.

Alain Cochard

Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 16 avril 2012

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Photo : DR
 

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