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Dezsö Ránki en récital à la Seine Musicale – Grande classe – Compte-rendu

Discret, le Hongrois Dezsö Ránki (né en 1951) – qui fut le compagnon de route au Conservatoire Franz Liszt à Budapest du regretté et flamboyant Zoltán Kocsis – s’est toujours tenu à l’écart de toute médiatisation. Il appartient à l’élite des pianistes, mais ses apparitions en France – toujours à marquer d’une pierre blanche – se comptent pourtant sur les doigts de la main. Sa venue à la Seine Musicale, à en juger par la présence d’un auditoire clairsemé, aurait mérité une publicité moins confidentielle de la part des organisateurs afin d’ouvrir cet événement à un public plus large que celui des aficionados ou des professionnels.
 
Le programme, par sa composition et sa densité, parle de lui-même. Pour débuter, la rare Sonate Hob. XVI/41 de Haydn : une partition de 1783 en deux mouvements très contrastés datant de la maturité du compositeur. Interprétation admirable d’intelligence et de style où chaque note prend sa place et son poids dans les modulations et les transformations du tissu harmonique (rondo final).
Dans les Variations sur un thème de Haendel de Brahms, rien de percussif mais un superbe cantabile, une variété expressive qui ne perdent jamais de vue, à travers les métamorphoses du thème, la construction d’ensemble et le fil conducteur. La fugue conclusive ne se résume pas pas un simple exercice technique mais prend une dimension orchestrale où l’intensité le dispute à la concentration.
L’ultime Sonate D. 960 de Schubert, très maîtrisée, prend le temps de se développer sur un ton réflexif combinant évidence et naturel pour atteindre le tréfonds de l’âme. Par d’autres moyens, Dezsö Ránki se love avec un classicisme revendiqué dans les profondeurs abyssales chères à Sviatoslav Richter. Plus qu’une leçon de musique, un exemple hors des modes.
 
Michel Le Naour

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Boulogne-Billancourt, La Seine Musicale, 9 juin 2018

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