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Dominique Merlet au Collège des Bernardins - Messager de l’âme - Compte-rendu


L’arbre cache souvent la forêt. Dominique Merlet jouit urbi et orbi d’une réputation de pédagogue qui fait souvent oublier l’immense pianiste qu’il est. Un concert au Collège des Bernardins sur le thème « De la quête spirituelle à la création musicale » honorait la mémoire de Liszt né deux cents ans plus tôt : un compositeur dont l’esprit ne quitte jamais l’interprète comme celui-ci le déclarait au début de la table ronde précédant le concert.

Outre une leçon de style, ce récital lisztien s’avère un moment rare qui fait fi de la virtuosité à esbroufe pour plonger au plus profond des œuvres, les éclairant d’un regard à la perspicacité toute patricienne. A Bénédiction de Dieu dans la solitude (page tirée des Harmonies poétiques et religieuses), répondent l’irisation richement timbrée d’Au bord d’une source, les scintillements subtils des Jeux d’eau de la Villa d’Este ou le dosage immatériel du Sonnet de Pétrarque n°104. La lecture des deux Légendes (Saint François d’Assise et la prédication aux oiseaux et Saint François de Paule marchant sur les eaux) présente tantôt une sérénité rayonnante, tantôt une puissance narrative et orchestrale. Les orages désirés se conjuguent à la méditation poétique.
Dominique Merlet se transforme en messager de l’âme, se mettant au diapason de la pensée de Liszt. Par son humanité, son interprétation émeut dans ce lieu de mémoire qu’est le Collège des Bernardins.

Michel Le Naour

Paris, Grand auditorium du Collège des Bernardins, 20 octobre 2011


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Photo : Luc Jennepin

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