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Don Giovanni en 3D - Mozart crève l’écran


Depuis le 23 mai, le Don Giovanni est à l’affiche de l’Opéra de Rennes, dans la mise en scène d’Achim Freyer (reprise par Frans De Haas), avec l’Orchestre de Bretagne dirigé par Antony Hermus. La dernière des six représentations, le 2 juin, est attendue avec une impatience particulière dans la mesure où elle va faire l’objet d’une diffusion en 3D dont on pourra profiter dans les salons de l’Hôtel de Ville de Rennes, à Brest au cinéma La Carène, à Avignon au multiplex Capitole Studios et, enfin, à Paris à la Géode, en tant que programme d’ouverture du Salon Dimension 3(1). Concertclassic en a profité pour demander quelques éclaircissements sur la technologie mise en œuvre à Philippe Delbary, responsable des services et terminaux 3D chez Orange (dont les laboratoires de recherche, les Orange Labs, se trouvent à Rennes et à Lannion).

A la vérité, « Don Giovanni fera l’objet de deux captations simultanées : l’une traditionnelle en 2D qui sera diffusée par Mezzo et l’autre en 3D, explique P. Delbary. Pour cette captation en relief, précise-t-il, nous faisons appel à des caméras spéciales. Aujourd’hui toutes les caméras n’ont qu’un objectif et enregistrent en 2D. Avec ce Don Giovanni, nous allons reproduire la stéréoscopie humaine, c'est-à-dire deux yeux distants de six à sept centimètres enregistrant chacun une image légèrement différente - deux images que le cerveau compare et dont il tire deux information importantes : la distance à l’objet et sa forme. Nous allons reproduire ce principe de captation de vision dans la salle de l’Opéra de Rennes. C'est-à-dire que là où avant nous avions une caméra avec un objectif nous allons avoir deux caméras et donc deux objectifs distants de 6-7 centimètres. Nous aurons 2 x 2 caméras dans la salle et, derrière, le réalisateur va assembler ce signal, le mélanger pour produire une qualité professionnelle avec un montage adapté.

Les caméras que nous allons utiliser sont développées par des partenaires de France Télécom-Orange qui se sont spécialisés dans la production de caméras 3D, mais les acteurs classiques de la production de caméras professionnelles (ex. Sony, Panasonic, etc.) sont en train de développer des modèles similaires. Dans nos laboratoires nous avons testé des caméras, testé surtout le transport des flux de façon à vérifier que nos réseaux étaient bien adaptés et sauraient les véhiculer au moment où ils arriveraient.

Nous avons par ailleurs travaillé, et nous continuons de le faire, sur les facteurs humains, poursuit Philippe Delbary. Un peu comme la couleur a changé la manière de faire de la télé, du cinéma, la 3D va changer la façon de produire des images. Les yeux, le cerveau vont recevoir d’un seul coup deux fois plus d’informations. Nous sommes habitués à voir en 2D et nous allons réhabituer le cerveau à voir en relief. Il va falloir prendre en compte le fait qu’il y a deux fois plus d’informations à traiter et donc les règles vont être changées dans la façon d’écrire la réalisation, de la monter. Je prends un exemple : aujourd’hui quand un acteur jette un objet vers l’avant on comprend qu’il a fait de la sorte mais il n’y a pas d’émotion. En 3D quand quelqu’un jette un objet vers l’avant on a l’impression que celui-ci va vous tomber sur les genoux. On va donc générer de nouvelles émotions et c’est cela qu’il faut apprendre. »


« Orange a commencé à communiquer sur la 3D l’an dernier au moment de Roland Garros, nous avons récemment produit un match de foot en relief, là nous nous essayons à un événement culturel, une représentation d’opéra en l’occurrence, avec la volonté de recommencer. Les salles de cinéma sont en train de s’équiper, le passage du 35mm au numérique est en train de se produire en France. Des télévisions 3D sont déjà en vente au Japon et aux Etats-Unis et nous pensons qu’elles vont arriver rapidement en Europe. Aujourd’hui nous devons capitaliser sur des expériences telles que Don Giovanni, apprendre à produire pour après pouvoir s’adresser au grand public.
Don Giovanni sera capté en 3D, avec un prise de son HOA (High Order Ambisonics) qui permet de restituer un son tridimensionnel de qualité ; nous allons donc associer les trois dimensions dans l’image et dans le son ».

Propos recueillis par Alain Cochard, le 20 mai 2009

(1) Ajoutons que Don Giovanni fera par ailleurs l’objet d’une diffusion différée en 3D, le 22 juin, à proximité de Rennes, au cinéma de Cesson-Sévigné (www.ville-cesson-sevigne.fr)

Mozart : Don Giovanni


Opéra de Rennes

Représentations les 27, 29 et 31 mai

Représentation diffusée en 3D, le 2 juin 2009 (20h)

www.opera-rennes.fr

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Photo : DR

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