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Don Giovanni à l’Opéra de Tours - Une cure de jouvence
L’Opéra de Tours a fait le pari d’engager une jeune équipe québécoise pour son ouverture de saison dans ce Don Giovanni coproduit avec l’Opéra de Reims(1). La mise en scène d’Oriol Tomas n’essaie pas de transgresser sur le plan historique l’univers dans lequel se situe la pièce. Les protagonistes évoluent dans des costumes d’époque, et l’efficacité de l’unique décor de Laurence Mongeau, construit sur plusieurs niveaux géométriques, permet de se déplacer avec aisance sans recours à des changements scénographiques susceptibles de plomber la continuité de l’action. Les lumières mobiles de Marc Delamezière apportent des tonalités d’ambiance au cours des différentes péripéties d’un dramma giocoso où l’humanité transparaît sans cesse avec des clins d’œil à la pomme des origines croquée avec jouissance par Don Giovanni.
Le héros incarné par Tassis Christoyannis, timbre sombre et charmeur, possède un sens du théâtre qui sert avec effervescence ses agissements de séducteur impénitent. Belle prestation naturelle qui culmine dans l’Air du champagne, la Sérénade et la Scène finale avec le Commandeur. A son côté, le Leporello du Canadien Tomislav Lavoie, basse sans lourdeur et physique attrayant, plus que le faire-valoir de son maître, constitue son véritable double. Le Masetto de Nicolas Certenais, rustre et haut en couleurs, offre des accents de profonde sincérité, et le Commandeur de Nika Guliashvili impressionne par sa noblesse et sa grandeur. Le rôle ingrat de Don Ottavio tenu par Yves Saelens affirme un désir de fermeté et de persuasion auquel ne manque que l’élégance du style mozartien.
Les voix féminines se distinguent par leur juvénilité : l’Elvira touchante et frémissante de Marianne Fiset, la délicieuse et tonique Zerlina d’Albane Carrère, et la Donna Anna pulpeuse, exaltée et passionnée d’Omo Bello dont l’engagement et la flexibilité laissent augurer des lendemains enchanteurs.
Dans la fosse, Jean-Yves Ossonce est à l’évidence le maître d’œuvre de cette représentation enlevée, trépidante, marquée par la finesse de sa direction, l’équilibre des tempi, le sens de la ligne et la fluidité de la construction. L’Orchestre Symphonique Région Centre – Tours manifeste un réel plaisir à dégager toute la substantifique moelle de cette musique sensuelle, gorgée de couleurs avec des cordes souples, des bois subtils et des cuivres équilibrés. Les chœurs, soudés et engagés, sont préparés par Emmanuel Trenque qui assure avec bonheur au pianoforte l’accompagnement des récitatifs. Venu nombreux, le public applaudit à tout rompre. Une nouvelle fois, à Tours, sous l’impulsion d’une équipe fortement impliquée, le résultat se révèle à la hauteur des espérances. L’imagination y est indéniablement au pouvoir.
Michel Le Naour
Mozart : Don Giovanni - Tours, Grand Théâtre, 11 octobre, prochaine représentation le 15 octobre 2013
(1)A l’Opéra de Reims, les 6 novembre, 8 novembre et 10 novembre 2013-10-15 / www.operadereims.com
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Photo : DR
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