En 1986, Vladimir Horowitz revenait dans sa Russie natale qu’il avait quittée en 1925. Le concert moscovite exhumé par Sony le montre suprêmement décontracté et visiblement heureux de retrouver un public qui avait suivi sa carrière par le seul disque. A quatre-vingt deux ans, Horowitz éblouit toujours par sa virtuosité, mais c’est surtout son kaléidoscope de couleurs qui fait sensation et plus encore lorsqu’il aborde deux Etudes de Scriabine, son mentor, celui qui l’a convaincu de se faire pianiste. L’électricité, le démonisme, l’ivresse sonore qu’il produit en générale chez les compositeurs russes – écoutez ses deux Préludes de Rachmaninov – font place à un jeux droit, uniment solaire pour Mozart, l’exaltation reprenant ses droits chez les romantiques : la Polonaise en la de Chopin est probablement le sommet de cette soirée qui conserve vivant un des pianistes mythiques du XXe Siècle.

Jean-Charles Hoffelé

Horowitz à Moscou. Sony SVD 64545.