Oubliez l’image si vous pouvez. Méchamment capté pour la télévision en 4/3 par un Brian Large aux abonnés absents, le spectacle falot de Fabrizio Melano rappelle qu’au début des années 80, et même pour un revival de cette importance, le Met ronronnait dans une tradition de mauvais goût assez inimaginable, et ce ne sont pas des décors pseudo abstraits qui pourront rien changer à l’affaire, dont l’effet est de toute façon annulé par des costumes réalistes et le plus souvent grotesques.

L’intérêt est côté son ; malgré des fatigues Domingo claironne son Enée comme à peu prés personne depuis lui – un jour Alagna viendra peut-être le détrôner – Troyanos réussi les deux Cassandre – l’amoureuse autant que la furie – avec cet art toujours confondant qui triomphe de toutes les difficultés comme par enthousiasme, et Jessye Norman en début au Met feule littéralement sa Cassandre. Ces dames soignent leur français, plus que Jocelyne Taillon, Anna de luxe, aux phrasés royaux mais peu compréhensibles. Comprimari moyens, mais direction sanglée, violente, d’un James Levine décidément toujours chez lui dans Berlioz. Il avait d’ailleurs imposé pour cette réévaluation l’édition Barenreiter.

Jean-Charles Hoffelé

Hector Berlioz : Les Troyens. Mise en scène : Fabrizio Melano. Avec Placido Domingo, Jessye Norman, Tatiana Troyanos, Alan Monk, Paul Plishka, Jocelyne Taillon, Solistes, Chœurs et Orchestre du Metropolitan Opera de New York, James Levine. DG 0734310 (2 DVD).