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DVD : Ténors pour l’éternité
On ne devrait pas réserver un document de cette trempe aux seuls aficionados des chanteurs historiques, et qui voudrait d’ailleurs parmi les amoureux des ténors de notre temps se priver de faire connaissance avec des pointures mythiques aussi contrastées que Lauritz Melchior ou Georges Thill ? Ce second volume de la collection Belcanto (d’autres devraient suivrent, et pas uniquement consacrés aux clefs de sol) tient toutes ses promesses et reste fidèle aux principes du premier tome : un portrait pour chaque chanteur, recueillant les témoignages de ses proches, cherchant avec l’aide d’un musicologue à définir le style vocal de chacun, et proposant quantité de documents inédits, voire d’archives particulièrement rares.
Melchior, Roswaenge, Björling, McCormak, Thill, Kozlovsky, et pour illustrer le cas de Lucia, ce ténor qui effectue un pont entre l’âge d’or du Bel Canto et le chant moderne et dont le legs discographique demeure deux fois plus important en quantité que celui laissé par Caruso, l’étonnant dernier épisode de « L’automate chantant » qui vaut pour testament.
On l’a dit les documents sont prodigieux, le plus soufflant restant probablement ce Rachmaninov comme improvisé par Kozlovsky, rayonnant d’un magnétisme sensuel et désespéré à la fois dont l’impression subsiste longtemps après que l’image s’en soit éteinte. C’est d’ailleurs au portrait du ténor russe que l’on reviendra inlassablement, pour découvrir une personnalité aux arrières plans décidément complexes et pour mieux cerner comment un certain idéal du bel canto de la grande école de Paris s’est infusé dans son chant orné.
Retrouver la bonhomie de Lauritz Melchior jusque dans sa carrière d’acteur à Hollywood, le profil sévère et la voix solaire mais droite de Thill, le destin brisé, la fêlure qui passa si longtemps inaperçue sous le timbre miellé de Björling, les tentations véristes de Helge Roswaenge, l’élégance d’un autre temps de John McCormack, célébré dans son Irlande natale par un bataillon de nonagénaires chérissant affectueusement sa mémoire (et l’entendre par le disque filer une fois encore sa vocalise miraculeuse de Dalla sua pace ), autant de bonheurs tenaces. Vite, un troisième volume !
Jean-Charles Hoffelé
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