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DVD : un Falstaff historique
Un document à réserver à un public averti : l’archive d’un noir et blanc correct a souffert, l’image connaît ça et là des accélérations, des sautes, la bande son de l’orchestre accuse bien des pleurages dont les voix sont pourtant indemnes, problèmes qui disqualifieraient tout autre Falstaff que celui ci, de plein droit historique. Car après Mariano Stabile, le grand Falstaff italien fut Guiseppe Taddei, capté ici quasiment à ses débuts dans ce qui deviendra son emploi favori. Les monologues sont autant de moments d’anthologie, la compagnie de chant détonante : il faut voir les trognes de Renato Ercolani et de Franco Calabrese, respectivement Bardolfo et Pistoia, pour les croire, et le Ford de Scipio Colombo, un Don Giovanni habituellement, étonne par son humour désopilant. La compagnie féminine caquette et cancane à souhait, emmenée par la Mrs Quickly justement légendaire de Fedora Barbieri, et lorsque vous saurez que les amoureux sont incarnés par Anna Moffo et Luigi Alva dans leurs resplendissantes jeunesses, vous aurez une raison de plus pour vous colleter aux désagréments techniques de ce Falstaff qui fleure bon son honnête studio et est mené à un train d’enfer par la baguette experte de Tulio Serafin.
Jean-Charles Hoffelé
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