Dans le cadre des concerts du dimanche matin au TCE, Elisabeth Leonskaja interprète trois sonates de Beethoven dont les humeurs variées sont magnifiées par le jeu d’une artiste touchée par la grâce. L’infinie palette de couleurs, la gestion des contrastes, le sens de la ligne distinguent une Sonate « Pathétique » à la passion contrôlée mais envoûtante d’équilibre et de vitalité. Il en va de même dans la Sonate n°9, op 14 n°1, contemporaine de l’Opus 13, pleine de rêves, de bouillonnement intérieur et de sensibilité.

Dans l’Opus 111, la réflexion est portée sur les cimes (Arietta). On admire le classicisme d’une vision où l’ampleur de la construction, la variété du toucher et la clarté polyphonique font des miracles. Les mots ne suffisent pas à rendre la gamme des émotions qui s’emparent d’un public sous le charme. Bis royal que le final de la Sonate « La Tempête » dont le naturel et le sens de la respiration plongent au cœur même de l’œuvre. Un tel degré d’accomplissement pianistique et musical laisse sans voix et relie Elisabeth Leonskaja aux plus grandes légendes du clavier.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 5 février 2012

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Photo : DR