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Elsa Grether, au disque et en concert – Sous le signe de Prokofiev
Nouveau coup de maître de la disciple de Ruggiero Ricci, le disque Prokofiev qu’elle signe (toujours chez Fuga Libera) avec David Lively émerveille de bout en bout et se range sans hésitation parmi les grandes versions modernes des opus qu’il rassemble, sans parler d’une prise de son d’un équilibre et d’un naturel parfaits (la qualité de l’acoustique de Flagey à Bruxelles n’y est pas pour rien...). Sous le titre « Masques », on y découvre successivement la Sonate n° 2 pour violon et piano, les Masques de Roméo et Juliette (dans l’arrangement d’ Heifetz), la Sonate pour violon solo op. 115, la Sonate n° 1 pour violon et piano et, enfin, la fameuse Marche de L’Amour des trois oranges (arrgt Heifetz).
Enregistrer Prokofiev avec David Lively ? La chose allait de soi pour Elsa Grether depuis que, il y a cinq ans au Festival Clef de Soleil, elle s’est pour la première fois produite avec le pianiste franco américain. C’est l’une des particularités de la manifestation lilloise que de susciter des rencontres entre des interprètes qui n’ont pas coutume de jouer ensemble. Bien lui en a pris avec ces deux-ci : « le courant est immédiatement passé », confie E. Grether, qui avait gardé grand souvenir de la 1ère Sonate de Prokofiev inscrite au programme de ce concert. Elle n’a pas eu une hésitation lorsqu’il s’est agi de concrétiser le projet Prokofiev : Lively était le partenaire idoine ! «Une connivence intuitive prévaut lorsque nous faisons de la musique ensemble ; c’est tellement important pour des œuvres telles que les Sonates de Prokofiev, qui réclament un engagement total. Le jeu de David possède l’énergie, le dynamisme, le sens de la nuance, la palette de couleurs requis. »
Et le résultat est là, éblouissant de poésie et de nerf, et d’autant plus prenant que la violoniste, par l’organisation du programme, « a eu envie de créer un cheminement, d’accompagner l’auditeur dans un voyage qui part de la lumière et du lyrisme de la Sonate n° 2. » Après ce « commencement en forme d’hymne à la vie », trouvent place les Masques et la Sonate pour violon solo op. 115. Cette réalisation tardive (1947) « très originale, très pure et contrasté » est chère au cœur de l’interprète et précède la Sonate n° 1, « œuvre inclassable, d’une rare densité, qui va chercher dans les profondeurs de l’humain.»
L’été qui s’ouvre offrira de nombreuses occasions d’entendre Elsa Grether. Avec David Lively, on la retrouvera aux Musicales de Normandie (3/08) dans un programme mêlant répertoire français (Sonate de Poulenc, Sonate de Franck) et russe (Sonate n° 2 de Prokofiev, Vocalise de Rachmaninov). Mais les semaines qui viennent seront aussi partagées avec d’autres partenaires, et pas seulement des pianistes.
Ainsi, dès le 9 juillet aux Musicales de Redon, Elsa Grether se joindra-t-elle au violoncelle d’Aurélien Pascal dans des pages de Bach, Ravel, Haendel, Kodály, Cassado, Albéniz, Ysaÿe et Hersant. Viendront ensuite les Estivales d’Artenetra (27/07) qui verront les retrouvailles de la violoniste avec un artiste qu’elle connaît depuis longtemps, Ferenc Vizy (le pianiste était à ses côtés pour le CD « Poème mystique »), dans un programme Mitteleuropa (Bartók, Liszt, Enesco, Smetana, Bloch, Ravel).
Vizy la suivra au Festival de Rocamadour (8/08) ; rejoints par Daniel Mesguich, ils offriront une soirée sur le thème « Poème mystique » (8/08). Rocamadour où, les trois jours précédents, E. Grether se sera produite en solo dans Bach (5 & 6/08) et avec le tout jeune ensemble vocal La Sportelle (7/08) dans une passionnante anthologie de pages sacrées françaises (Saint-Saëns, Delibes, Guilmant, Caplet, Chausson, etc.). Avis aux amateurs de raretés vocales !
La musique française (Pierné, Ravel et Franck) sera aussi au menu du récital (17/08) avec François Dumont au Altmark Festspiele (Allemagne), avant un nouveau concert avec récitant, cette fois sur le thème « Terre, Exil, Liberté », à Toulouse dans la série « Musique Dialogue au Carmélites » (25/08). Mesguich fils, William, et Aurélien Pascal y seront ses complices.
Point d’orgue d’un été de caractère très chambriste, la violoniste sera l’hôte du Festival d’Art Sacré d’Antibes, dans le 5ème Concerto de Mozart, accompagnée par l’Orchestre de Cannes (14/09).
Alain Cochard
Calendrier des concerts d’Elsa Grether : elsagrether.com/concerts/
Photo © Klara Beck
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