En résidence pour trois ans au Grand Théâtre de Provence, Emmanuel Krivine et la Chambre Philharmonique ont décidé, pour leur premier concert, d’inscrire à leur programme deux pages majeures de Brahms (le Concerto pour violon et la Symphonie n°3), inaugurant ainsi un projet ambitieux qui inclura Symphonies, Concertos et Requiem allemand du même compositeur. La présence de cette formation innovante dans la région vise non seulement à enrichir le paysage musical, mais aussi à élaborer un vaste programme culturel et social en direction des scolaires, des publics défavorisés ou isolés, des prisons, des hôpitaux, irriguant ainsi toute la Provence.
 
Remplaçant Patricia Kopatchinskaja dans le Concerto en ré majeur de Brahms, Svetlin Roussev (Premier violon de l’Orchestre Philharmonique de Radio France) fait montre d’une assurance et d’une autorité qui se jouent des embûches semées par Brahms dans les positions extrêmes de l’instrument. Jamais il ne se laisse aller aux effusions appuyées et, tout au long de l’exécution, garde la tête froide. Secondé par l’accompagnement subtil tissé par Krivine, fin connaisseur de cette partition, le soliste se sent en parfaite sécurité. Après l’entracte, la Symphonie op. 90 permet d’apprécier la qualité des pupitres de la Chambre Philharmonique. La fougue des mouvements extrêmes aux tempos enlevés contraste avec la sveltesse et la poésie d’un Andante à la subtilité mordorée et le clair-obscur du Poco allegretto.
Après un mot de remerciement et une allusion à la « situation météorologique » bousculée des temps que nous vivons, Krivine donne en bis une Danse slave de Dvorak, entre ombre et lumière. Un début de résidence très réussi pour la Chambre Philharmonique et son chef charismatique.  
 
Michel Le Naour
 
Aix, Grand Théâtre de Provence, 8 décembre 2015. Prochains concerts de la Chambre Philharmonique dans le même programme le 14 décembre (Genève, Victoria Hall) et le 15 démbre (Grenoble – MC2)

© Philippe Hurlin