Journal
Esa-Pekka Salonen et le Philharmonia Orchestra au Théâtre des Champs-Elysées – Démonstration orchestrale – Compte-rendu
A la tête du Philharmonia Orchestra depuis dix ans, Esa-Pekka Salonen, chef emblématique, a pu modeler cette formation de légende à sa convenance. Ce concert techniquement impressionnant, tant au niveau de la virtuosité de la direction que de la qualité de la phalange londonienne, pose cependant quelques interrogations.
L’éclairage de la Symphonie n° 2 de Beethoven regarde davantage en direction de la Symphonie « Héroïque » plutôt que vers Haydn ou Mozart. Les accentuations marquées voire brutales, les tempos plutôt rapides (Larghetto), la démarche volontariste, les nuances accusées et surtout le manque de tendresse finissent par effacer l’impression donnée, celle d’une totale maîtrise de la construction et une belle aération des plans sonores.
Dans le Symphonie n° 1 « Titan » de Mahler, la part de mystère, le caractère viennois s’effacent au profit d’une démonstration d’une remarquable efficacité qui peut se révéler payante (réalisation réussie du ländler du second mouvement, progression maîtrisée du finale), mais perd en poésie et en sensibilité ce qu’elle gagne en flamboyance. Ce Mahler volontiers cursif et d’une puissance singulière peut frapper les esprits, mais il n’inquiète jamais et la somptuosité de la conduite du discours ne parvient pas à convaincre pleinement.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 17 avril 2018
© Aline Paley
Derniers articles
-
22 Novembre 2024Alain COCHARD
-
22 Novembre 2024Alain COCHARD
-
21 Novembre 2024Jacqueline THUILLEUX