Journal

​Eva Zavaro, Clément Lefebvre et le Prima La Musica Orchestra à Vincennes – Cordes et chandelles – Compte-rendu

 
Riche programme que celui de la saison Prima La Musica ! le 12 décembre : ce n’est pas un mais deux concerts qui attendaient en effet le public dans l’acoustique idéale de l’auditorium Cœur de Ville, avec pour trait d’union l’archet d’Eva Zavaro (photo). Lancé en 2023 à l’initiative de Philip de La Croix (créateur en 2003 des Concerts Prima La Musica !), le Prima La Musica Orchestra, ensemble à cordes dont Jean-Luc Tingaud assure la direction musicale, ouvre la soirée.
 
Jean-Luc Tingaud © DR
 
L’autre concerto pour violon
 
Debout devant leurs pupitres, les jeunes instrumentistes se lancent dans la Symphonie pour cordes en si mineur n° 10 de Mendelssohn, œuvre d’un génial gamin d’une douzaine d’années. Introduction charmante et prélude idéal au concerto pour violon qui suit, toujours de Mendelssohn. On entend souvent le Concerto n° 2 en mi mineur op. 64, bien moins le 1er Concerto pour violon et cordes en ré mineur (peu ou prou de la même période que la 10Symphonie), né de la plume d’un musicien en devenir, empli de souvenirs des maîtres qui l’ont précédé, mais déjà riche de promesses. Le jeu lumineux d’Eva Zavaro, sa complicité étroite avec Jean-Luc Tingaud et ses musiciens, totalement impliqués, se traduisent en une approche poétique et frémissante, d’un lyrisme effusif dans le mouvement lent, avant un finale jubilatoire et impeccablement tenu. Ne pas chercher à faire dire à la musique plus qu’elle ne le peut, mais exploiter à plein ses potentialités.

La Sérénade pour cordes en mi majeur de Dvořák occupe la seconde partie. Une pièce archi-rebattue certes, mais qui offre un excellent test des qualités de ses interprètes. Prégnante et très intimiste, attentive aux nuances, la conception de Jean-Luc Tingaud veille à toujours laisser respirer la phrase et souligne la cohésion et l’homogénéité de sa jeune formation. Une sérénade aux allures de conte de Noël ...
 

© DR
 
Aux chandelles
 
Le concert se termine mais pas la soirée car, après une nouvelle pause, le public – moins fourni mais en nombre plus qu’honorable à un horaire aussi tardif – regagne la salle pour un programme chambriste « aux chandelles » qu’Eva Zavaro partage avec Clément Lefebvre, son partenaire dans un récent et très bel album Fauré-Szymanowski (La Dolce Volta) – à propos duquel la violoniste s’est exprimée dans nos colonnes. (1). La parfaite entente des deux artistes se vérifie dans la trop méconnue Sonate en ré mineur op. 9 du Polonais. Engagée, tout à la fois âpre et très sensuelle dans les mouvements vifs, leur interprétation sait tout aussi bien faire scintiller les étoiles du magique Andantino. On ne cède pas moins à la tendresse caressante de la Berceuse de Fauré ou à l’onirisme troublant de la Berceuse d’Aïtacho Enia de Szymanowski. Le mot de la fin revient à ce dernier avec Notturno e Tarentella : le sens de la couleur et la puissance évocatrice de deux interprètes y font mouche une fois encore.
 
Prochain rendez-vous de Prima La Musica ! le 24 janvier avec l’Orchestre Le Palais Royal (dir. Jean-Philippe Sarcos) et Orlando Bass (piano) dans des pages de Saint-Saëns, Paladilhe et Bizet.
Quant à Eva Zavaro, on la retrouve le 11 janvier (Théâtre de l’Alliance Française/Génération France Musique – Le Live ») aux côtés de la pianiste Juliette Journaux et du baryton Edwin Fardini dans des pages d’Oskar Posa (compositeur autrichien oublié qui promet d’être l’une des révélations de l’année 2025 grâce à un enregistrement à paraître bientôt), et avec Clément Lefebvre, le 16 janvier à Annecy, dans un programme Mozart, Brahms, Fauré et Szymanowski.
 
 
Alain Cochard

 

(1) www.concertclassic.com/article/une-interview-deva-zavaro-violoniste-cet-album-vient-de-mes-entrailles
 
Vincennes, Auditorium Cœur de Ville, 12 décembre 2024 // www.primalamusica.fr
 
Agenda d’Eva Zavaro : evazavaro.com/agenda/

Partager par emailImprimer

Derniers articles