Journal
Fabien Gabel dirige l’Orchestre National d’Île-de-France – Couleurs françaises – Compte-rendu
Quelques mois après un magnifique concert avec l’Orchestre de Paris(1), Fabien Gabel (photo) était de retour à la Philharmonie, cette fois à la tête de l’Orchestre National d’Île-de-France. Le Corsaire et les Nuits d’été de Berlioz, Suite n° 1 de Daphnis et Chloé de Ravel et Suite n° 2 de Bacchus et Ariane de Roussel : le programme est certes plus classique que celui proposé en juin dernier, mais on répond néanmoins avec enthousiasme à la proposition sachant les affinités du chef avec la musique française.
Elle s’affirme d’entrée de jeu avec un Carnaval romain rondement mené, solaire, intense et d’une grande fluidité dans les enchaînements. Avec le sens des timbres qui le distingue Gabel soigne l’écriture berliozienne là autant que – avec un effectif plus léger – dans les Nuits d’été où il tisse le plus bel écrin à Karine Deshayes. D’une voix bien projetée (il reste que la grande salle de la Philharmonie n’offre pas une acoustique idéale pour la voix, mais c’est là un tout autre sujet ...), la mezzo livre une interprétation remarquable de naturel et de simplicité, vécue et d’une sensibilité qui ne cède rien à l'emphase (très beau Sur les lagunes).
Saut dans le XXe siècle après la pause, avec d’abord Ravel et une 1ère Suite de Daphnis et Chloé que le chef et les musiciens franciliens abordent de manière tout à la fois sensuelle et mystérieuse dans le Nocturne et l’Interlude, avec de libérer les ardeurs de la Danse guerrière en ne négligeant jamais l’essence chorégraphique de l’ouvrage. La 2ème Suite de Bacchus et Ariane mérite le même éloge et l’on savoure le véritable festin de couleurs et de rythmes auquel nous convient un orchestre conduit avec souplesse et précision et dont l’engagement constant force l’admiration. Le bonheur s'avère d’autant plus grand que, même si Bacchus et Ariane est une œuvre relativement célèbre, le nom d’Albert Roussel demeure trop rare dans les programmes. 2019 marque les 150 ans de la mort de Berlioz mais aussi ceux de la naissance de l’auteur du Festin de l’araignée. Il n’est pas interdit de s’en souvenir ...
Alain Cochard
Paris, Philharmonie, Grande Salle, 13 janvier 2019
(1) www.concertclassic.com/article/fabien-gabel-dirige-lorchestre-de-paris-rarete-opulence-onirisme-compte-rendu
Photo © Maison Simons
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