Au fil des ans, Sully-sur-Loire reste l'exemple du festival heureux, faisant de sa diversité une force. L'imposant château cher au ministre du bon roi Henri y est à la fois symbole et scène, en fait souvent relayé par d'autres lieux d'accueil qui le valent presque. Ainsi de l'abbatiale Notre-Dame de Beaugency qui reçoit (26 mai) les Paladins de Jérôme Corréas, au mieux de leur savoir-faire dans la confrontation de ces deux sommets doloristes que sont l'incontournable Stabat Mater de Pergolèse et celui de Pasquale Caffaro(1706-1786), mort octogénaire plus d'un demi-siècle après la disparition de son cadet célèbre, emporté par la phtisie en 1736.

Dans ce type de festival-vitrine, la notoriété des interprètes fait le plus souvent la différence auprès du public. Pour autant, la révélation pourrait bien venir, cette année, du concert du jeune ensemble La Rêveuse, avec le concours du ténor Jeffrey Thompson, en l'église Notre-Dame de Bethléem de Ferrières-en-Gâtinais (28 mai). Benjamin Perrot, par ailleurs luthiste et théorbiste inspiré, y rythme un hymne à la gloire du style vénitien, quand oeuvrait à la tête de la chapelle de Saint-Marc le très inventif Monteverdi, assisté d'Alessandro Grandi de 1620 à 1627.

On suivra désormais ce groupe avec la plus vive attention, d'autant qu'il vient de graver un superbe enregistrement consacré au Français Sébastien de Brossard (Mirare), preuve de rares dispositions pluralistes. Cependant que d'autres amoureux du rêve baroque ne manqueront pas, dans le même temps, de faire leur miel du chant de Françoise Atlan, accompagnée par l'ensemble Constantinople dans un hommage à Sor Juana Ines de La Cruz, figure emblématique de l'ère coloniale (à la fois religieuse, mathématicienne et musicienne), elle fut appelée de son vivant le «  Phénix de Mexico » (église de Meung-sur-Loire, 3 juin).

Roger Tellart

N.B. Enfin, on signalera aux jeunes interprètes passionnés par le répertoire Renaissance « Le Droict Chemin de Musique»: une académie d'interprétation confiée à Denis Raisin-Dadre, guide idéal en l'occurrence, autour de l'irrésistible comédie madrigalesque La Barca di Venezia per Padova d'Adriano Banchieri, moine et compositeur stimulant qui fut l'ami de Monteverdi et baptisé Il Dissonante. Ce volet pédagogique du festival se conclura par un concert gratuit au Château de Sully-sur-Loire, le 4 juin (à 15h 30).

Festival de Musique de Sully-sur-Loire et du Loiret

21 mai au 5 juin 2011

Programmation détaillée : www.festival-sully.com

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Photo : Anne-Marie Berthon