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Festivals de musique classique bretons - L’union fait la force
Une interview Michel Legrand, porte-parole des festivals bretons et directeur des Semaines Musicales de Quimper
Des Tambours du Bronx associés aux Frères Morvan à Carhaix à la création française du Concerto pour piano de Penderecki sous les doigts de Kun Woo Paik à Dinard, la Bretagne regorge d’initiatives musicales en tous genres cet été. Le signe d’un beau dynamisme que les festivals de musique classique de la région concrétisent en s’unissant pour promouvoir leur action et démontrer que le presque désert classique breton d’il y a trois décennies appartient à un passé définitivement révolu. Porte-parole des festivals bretons mais aussi directeur des Semaines Musicales de Quimper, Michel Legrand répond aux questions de concertclassic.
Quelle a été la principale motivation de cette union des festivals de musique classique bretons ?
Michel Legrand : « Le sentiment très fort que la plupart des médias nationaux s’intéressaient surtout aux festivals du sud de la France, de la région parisienne ou de l’Est mais que l’on occultait de façon très importante ce qui se passe en Bretagne. Ce n’est pas un reproche fait aux médias mais un constat. Il y a trente ans, quand les Semaines Musicales de Quimper sont nées, il y avait Perros-Guirrec qui était déjà un festival important, mais bien peu d’autres choses. Depuis, beaucoup de festivals se sont créés et il était nécessaire de conjuguer nos efforts pour nous faire connaître : un constat auquel nous sommes parvenus lors d’une réunion au Conseil Régional en février 2008. Les festivals que nous avons réunis (pour le moment 25 sur la trentaine de festivals de musique classique que compte la Bretagne) sont gérés par des associations, organisés par des bénévoles, et ce sont ces festivals associatifs auxquels la Région Bretagne a souhaité apporter son soutien.
Comment se traduit de manière concrète l’union que vous avez réalisée ? Aura-t-elle également des implications artistiques ?
M. L. : Nous n’avons aucune structure juridique particulière pour cette première année, mais à l’avenir nous avons décidé d’adopter le système, très souple, de l’association de fait. Pour ma part, je coordonne la promotion et l’organisation de cette association à la demande des différents festivals. Le 26 mars dernier nous avons donné une conférence de presse à Paris, à la Maison de la Bretagne. Nous avons également mis en place un site internet qui regroupe nos festivals et fait le lien avec chacun d’entre eux. De plus, une plaquette tirée à 150 000 exemplaires est distribuée partout en Bretagne, mais également à Paris ou encore sur les bateaux de la Brittany Ferries. Tout cela donne à chacun de nos festivals un impact qu’il n’avait jamais obtenu individuellement auparavant. Et nous avons réussi à intéresser des médias nationaux !
Sur le plan artistique, nous réfléchissons très fortement à une programmation que je ne dirais pas commune mais qui permettrait, en fonction des distances et des dates des festivals, de programmer un artiste sur trois concerts : un à Dinard, un à Quimper et un à Vannes par exemple.
Dans les années à venir, nous souhaiterions aussi permettre à une personne qui se serait rendue sur un festival d’obtenir un tarif préférentiel dans une autre manifestation. Le tout est de trouver un système assez souple qui convienne à tous, dans la mesure où nous n’avons pas les mêmes billetteries ni les mêmes tarifs.
De quelles aides, publiques ou privées, avez-vous bénéficié ?
M. L. : La Région Bretagne a été particulièrement intéressée par notre action et nous a apporté une aide de 15000 euros, ce qui n’est pas neutre car si certains festivals sont de relative importance d’autres sont tout petits et n’ont pas les moyens d’assurer leur promotion. Nous avons demandé une participation financière moyenne de 400 euros par festival comprenant la mise sur le site internet, la présence sur la plaquette, le financement de la conférence presse, etc. Une somme modique par rapport à l’impact de notre initiative. C’est la première fois que cela ce faisait et je peux vous dire que ça été voté dans l’enthousiasme et que c’est vécu dans l’enthousiasme par la plupart des responsables de festivals.
Bien que tout se soit mis en place très vite, nous avons eu la chance d’obtenir le soutien de la Caisse des Dépôts et Consignations, de Groupama et de la Brittany Ferries (qui nous autorise à communiquer à bord de ses bateaux – diffusion de notre plaquette, visuel spécifiquement conçu pour les panneaux lumineux). Quant aux Pianos Valat, ils nous fournissent toujours des instruments magnifiques pour nos concerts.
Pour l’année prochaine nous allons développer ce partenariat privé. De nous être constitués en association de fait permettra d’éviter que l’argent transite par l’un d’entre nous, comme cela a été exceptionnellement le cas cette année. Nous demanderons aux partenaires de régler directement l’imprimeur, le webmaster, les frais de publicité, etc. Nous ne souhaitons pas avoir d’argent circulant entre nous pour des raisons de clarté, de souplesse, de facilité.
Quelques mots pour conclure sur les Semaines Musicales de Quimper. Pourriez-rappeler brièvement l’historique de cette manifestation et dégager les grandes lignes de l’édition 2009 ?
M. L. : Les semaines musicales ont été lancées en août 1979 par Raymond Derrien, qui est décédé en 1998. J’étais à ses côtés au moment de la création du festival et, après sa disparition, l’association m’a demandé de lui succéder. L’important pour moi n’est pas d’être à ce poste, mais de faire partie d’une équipe, de la motiver, de réussir et bien que faisant partie de la catégorie des amateurs je crois très important de se comporter en professionnel.
Le festival 2009 a été construit à partir du budget dont nous disposons régulièrement, mais nous avons réussi à inviter quelques grands noms : le Quatuor Brodsky, une magnifique formation anglaise, François-Frédéric Guy, qui est devenu l’un des grands interprètes de Beethoven, Sonia Wieder-Atherton avec son ensemble Niguna, Michel Portal, quelqu’un que nous aimons beaucoup et que l’on entendra à la fois en classique et jazz, le Trio Wanderer, le Chœur de la Radio Flamande, l’un des grands chœurs européens dans un programme très éclectique de Byrd à Barber. Et je n’oublie pas A Sei Voci ou l’Ensemble Les Passions avec Guillemette Laurens pour une soirée en hommage à Purcell.
J’ajoute que le Musée départemental breton de Quimper consacre une exposition à la peinture roumaine en Bretagne et que cela nous vaudra des clins d’oeil à la musique roumaine tout au long du festival, comme par exemple avec le Trio Wanderer qui a inscrit à son programme le Trio en la mineur d’Enesco, une œuvre superbe que l’on n’a que rarement l’occasion d’entendre. Enfin je voudrais signaler, à la Médiathèque des Ursulines, une magnifique exposition du peintre et graveur espagnol Enrique Marin, l’auteur de l’affiche du festival depuis sa création.
Propos recueillis par Alain Cochard
www.festivals-musiques-classiques-bretagne.com
Semaines Musicales de Quimper
Du 3 au 21 août 2009
www.semaines-musicales-quimper.org
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Photo : DR
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