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Fidelio au Théâtre des Champs-Elysées – Le TCE fidèle à Fidelio – Compte-rendu

La dernière semaine de février aura été placée sous le signe de Beethoven, dont le Théâtre des Champs-Élysées, comme l'ensemble des grandes institutions, fêtent cette année le 250ème anniversaire de la mort. Habilement insérée entre l'intégrale des Symphonies dirigée par Andris Nelsons et les Wiener Philharmoniker, la version de concert de Fidelio n'est pas passée inaperçue. L'unique opéra de Beethoven requiert une protagoniste d'exception et la présence de Nina Stemme, absente de la capitale depuis son Elektra de la Philhamonie (15/12/17), valait à elle seule le déplacement. La soprano suédoise n'est pas une habituée du rôle, mais depuis sa prestation aux côtés de Jonas Kaufmann et d'Abbado (Lucerne 2010 - Decca) et le passage sur ses cordes vocales de Turandot, Kundry et autre Farberin, nous étions impatients de juger de l'évolution de ses moyens et de sa résistance au temps. Passons rapidement sur la médiocre mise en espace imaginée par Sam Brown, marquée par l'intervention pendant l'ouverture de femmes censées manifester contre l'emprisonnement de leurs maris, photos en mains et qui élisent à l'unanimité Leonore pour s'engager à pénétrer dans la geôle, travestie en homme, et le fait d'avoir investi Jaquino en tant que conteur de l'intrigue, pour ne se focaliser que sur l'exécution musicale.

Puissante et engagée, Nina Stemme (photo) est une altière Leonore, capable d'affronter dignement les extrémités d'une tessiture tendue comme un arc – en détachant tout de même les grands aigus au lieu de les intégrer à la ligne – et de nuancer un chant largement déployé et toujours dominé. Après Mélanie Diener en 2011 portée par Kurt Masur (1) et l'incendiaire Waltraud Meier somptueusement appariée à Jonas Kaufmann en 2012 (2) sur ce plateau, le TCE peut être fier de pareils rôles-titres ! Malin Christensson est en revanche une bien terne Marcelline à la voix courte et inexpressive, tandis que Daniel Johannsen est un espiègle Jaquino qui trouve aisément ses marques entre le paternel Rocco de Johan Schinkler, le plutôt sobre Pizarro de John Lundgren et le fort respectable Don Fernando de Karl-Magnus Fredriksson. Malgré la qualité de la direction confiée à Thomas Dausgaard qui obtient de l'Orchestre de chambre de Suède des sonorités acérées proches des formations baroques, mais également une intensité et une vigueur dramatique toujours en éveil, la composition de Michael Weinius n'a rien d'inoubliable, le ténor n'ayant ni la stature vocale, ni les intentions pour faire naître l'émotion du bouleversant destin de Florestan, emprisonné à tort et sauvé par l'amour et la détermination de son épouse.

François Lesueur

 

Beethoven : Fidelio (version de concert) – Paris, Théâtre des Champs-Élysées, 27 février 2020

Photo © ninnastemme.com / Metropolitan Opera

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