Changement partiel de programme pour les deux concerts que le violoniste (et chef) Itzhak Perlman – retenu aux Etats-Unis par la cérémonie d’investiture de Barack Obama – devait donner à la tête de l’Orchestre de Paris. Le vétéran de la direction d’orchestre, l’Estonien Neeme Järvi, rompu à tous les répertoires, offrait au public de Pleyel, au lieu des Deux Romances pour violon de Beethoven prévues à l’origine, une ouverture enlevée du compositeur norvégien Johan Svendsen (1940-1911) intitulée Carnaval à Paris op 9 et le célèbre Concerto pour violon n°1 op 26 de Max Bruch avec la brillante Alexandra Soumm (20 ans) (photo), formée à Vienne et jeune étoile montante de l’archet.

Sûre d’elle, énergique, elle transmet à l’œuvre sa vision enflammée des mouvements extrêmes (parfois au détriment de la justesse). La dimension lyrique (Adagio) semble moins intéresser la soliste, plus virtuose que poète, en dépit des élans rhapsodiques de l’accompagnement d’un chef porté à lever la pâte sonore. Les Variations survoltées de Paganini jouées en bis sont une démonstration d’harmoniques, de staccatos, de pizzicatos enlevés où la musique prend moins de part que la technique proprement dite.

Après l’entracte, la 4e Symphonie de Brahms, sous la direction très personnelle de Neeme Järvi, sort des canons germaniques pour musarder avec une certaine allégresse (Allegro giocoso) et des accélérations peu orthodoxes (Allegro non troppo). Pourtant, la sûreté du chef, sa maîtrise de l’orchestre (qui semble parfois gêné par les changements de tempo), réussissent à persuader sans toujours convaincre. La volonté de ne jamais donner dans le sentiment fait passer au second plan l’un des caractères (fut-il pudique) de la musique de Brahms au même titre d’ailleurs que l’extrait de L’Arlésienne de Bizet, retenu à l’excès, qui clôt par un bis la soirée.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 21 janvier 2009

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Photo : Dr