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Guennadi Rozhdestvensky dirige l’Orchestre de Paris – Anthologique – Compte-rendu
A 83 ans, Guennadi Rozhdestvensky exerce toujours la même fascination. Invité de l’Orchestre de Paris, dans un programme russe jusqu’à la moelle, le chef offre un témoignage exceptionnel de naturel et d’évidence. Son implication face des musiciens chauffés à blanc et son élan communicatif atteignent des sommets d’intensité.
Dans Fragment de l’Apocalypse op. 66 de Liadov, il donne immédiatement le ton par la puissance de son geste. Poussé dans ses retranchements, l’orchestre garde sous sa direction claire et précise une lisibilité et une fluidité constantes.
Son épouse Viktoria Postnikova délivre ensuite une lecture ardente et d’une totale maîtrise du Concerto n°1 pour piano en fa mineur de Glazounov, si rarement joué dans les salles de concerts. Autorité digitale (la cadence de l’Allegro moderato initial) et lyrisme intense (Tema con variazioni) caractérisent cette exécution d’une densité proche des concertos de Rachmaninov. Le bis (Une tabatière à musique de Liadov), ciselé comme un objet précieux, apporte une note légère et badine.
La testamentaire Quinzième Symphonie de Chostakovitch qui occupe la seconde partie du concert est soulevée par une direction au souffle éloquent. Rozhdestvensky embrasse la grande arche de la partition et laisse sans voix dans l’Allegretto final. Les différents états d’âme sont dégagés avec justesse ; l’ironie douce-amère ou l’expressionnisme hypnotique des longs adagios participent d’une dimension humaine et tragique intérieurement vécue. Un moment de musique hors du temps qui restera longtemps gravé dans les mémoires.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 15 octobre 2014
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