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Harold en Italie et autres pages de Berlioz sous la direction de Sir John Eliot Gardiner au Festival Berlioz – Éblouissant – Compte-rendu
« Légendes sacrées du Sud » s’intitule ce concert donné par l’Orchestre révolutionnaire et romantique sous la direction de son chef charismatique, Sir John Eliot Gardiner (photo). « Du Sud » certes, pour ces pages inspirées des contours de la Méditerranée (Berlioz disait bien : « Il faut découvrir les Méditerranées musicale ! ») ; « sacrées », pour satisfaire à la thématique de cette édition du festival Berlioz (« Sacré Berlioz ! ») et au sens que toute musique serait un rituel sacré comme le confirme ici l’interprétation.
Lucile Richardot & Sir John Eliot Gardiner © Bruno Moussier
Défilent ainsi Le Corsaire, ouverture datée de 1845 intitulée primitivement La Tour de Nice ; la cantate Cléopâtre, troisième essai en 1829 du postulant au Prix de Rome (qui ne devait l’emporter que l’année suivante avec une cantate moins effrayante pour le jury) ; Chasse royale et orage et air de Didon « Je vais mourir », extraits des Troyens ; et enfin, en seconde partie de concert, Harold en Italie.
L’attaque du concert, d’entrée avec Le Corsaire, se fait éblouissante : instrumentistes debout pour un allegro jailli éperdument. La suite ne fera que confirmer cette mise en bouche épicée, avec une Chasse royale emportée (et l’appoint vocal d’instrumentistes devenus choristes pour quelques mesures), les deux moments lyriques où la mezzo Lucile Richardot confirme un chant intense mêlé d’une expression dramatique tout autant.
Antoine Tamestit © Bruno Moussier
Après l’entracte, explose littéralement Harold en Italie, « symphonie avec alto principal ». L’alto soliste revient à Antoine Tamestit, sensible dans un doigté délicat, au cours d’une pérégrination qui le mène à gambader tout au long du plateau de l’auditorium sis dans la cour du château de La Côte-Saint-André, comme un personnage rêveur et voyageur. Ce qui est tout à fait l’esprit de l’œuvre ! L’orchestre répond d’un seul élan, debout à nouveau pour jeter l’orgie du final, à travers ses timbres d’époque exacerbés (ophicléide inclus) sous une battue implacable. Un concert d’exception, comme sait en réserver Sir John Eliot ! (Concert repris le 5 septembre prochain au Royal Albert Hall de Londres dans le cadre des « Proms ».)(1)
Pierre-René Serna
(1) www.bbc.co.uk/events/evdgfx
Festival Berlioz, La-Côte-Saint-André, Auditorium provisoire du château, 31 août 2018
Photo © Bruno Moussier
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