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Hérodiade de Massenet à l’Opéra de Saint-Etienne –Exemplaire – compte-rendu
En mars dernier, Hérodiade (1880) de Massenet était présenté à l’Opéra de Marseille dans une mise en scène de Jean-Louis Pichon, fin connaisseur du compositeur stéphanois. Avec l’automne, c’est à l’Opéra de Saint-Etienne, co-producteur de l’entreprise, que l’on a pu retrouver cet ouvrage méconnu.
La scénographie de Jérôme Bourdin se limite à un décor constitué de stores taillés en biseau telles des lances menaçantes, tandis qu’un espace ouvert permet aux vidéos de Georges Flores de scander l’action. Le dispositif laisse ainsi libre cours au jeu de protagonistes qui évoluent comme dans une tragédie classique. Seuls les ballets de la chorégraphe Laurence Fanon, les défilés de soldats ou de prêtres, interrompent ce huis clos délibéré.
© Cyrille Cauvet - Opéra de Saint-Etienne
Au sein d’une distribution de haut niveau se détache l’exceptionnelle Salomé d’Elodie Hache, d’une suggestive puissance d’incarnation tant par sa présence incandescente que par la vaillance de son chant. A son côté, la Roumaine Emanuela Pascu campe une Hérodiade de chair et de sang à la projection puissante mais toujours contrôlée.
Les hommes ne sont pas en reste, en particulier le magnifique Phanuel de Nicolas Cavallier, un exemple de chant français profond à la diction toujours exemplaire. Florian Laconi se love dans le personnage de Jean avec aisance et autorité malgré les difficultés semées en chemin par Massenet, et en Hérode, Christian Helmer (qui succède à Jean-François Lapointe) fait forte impression par son timbre fin et élégant, non dénué de vigueur. Seconds rôles bien tenus par Catherine Séon (La Babylonienne) ou Bardassar Ohanian (Grand Prêtre), même si Jean-Marie Delpas paraît moins à l’aise en Vitellius.
Spécialiste reconnu de l’opéra français, Jean-Yves Ossonce attache du prix à la fluidité de la musique tout en sachant nuancer le caractère démonstratif et pittoresque des scènes de péplum dont il dose à bon escient les effets verdiens. L’Orchestre symphonique Saint-Etienne Loire témoigne constamment de clarté et de transparence mais aussi de lyrisme sous sa direction subtile (les interventions solistes des bois et des cuivres, toujours expressives), tissant les contrechants avec un art consommé. Souvent sollicité, le Chœur (préparé par Laurent Touche) rend avec bonheur toute la dimension dramatique du conflit entre Juifs et Romains. Un spectacle de grande qualité, apprécié du public, et qui rend à l’œuvre, si rarement représentée, ses lettres de noblesse.
Michel Le Naour
Saint-Etienne, Opéra, 16 novembre 2018
Photo © Cyrille Cauvet – Opéra de Saint-Etienne
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